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Nicolas SCHAPIRA Maîtres et secrétaires XVI-XVIIIème siècles

Critiques littéraires

Par Fabien Nègre

Nicolas SCHAPIRA
Maîtres et secrétaires (XVI-XVIIIème siècles). L’exercice du pouvoir dans la France d’Ancien Régime
Albin Michel
Septembre 2020

 
Professeur à l’Université de Nanterre, spécialiste de l’histoire politique de l’écrit et du phénomène littéraire au XVIIème siècle, Nicolas SCHAPIRA entreprend une enquête éclairante et subtile qui saisit toutes les complexités de l’invention d’un métier qui paraît aujourd’hui aller de soi : secrétaire, celui qui garde les secrets. Cette figure omniprésente dans notre monde contemporain apparaît davantage comme un binôme élémentaire de la vie des pouvoirs : le couple maître-secrétaire, confiance contre fidélité, où l’un décide tandis que l’autre relaie, écrit, contrôle, tient mémoire.

Entre la Renaissance et les Lumières, quand le papier devient le support de toute décision, quand les administrations des souverains, grands seigneurs et autres prélats se rationalisent, le besoin de tels agents s’affirme. Avec cette étude d’une silhouette de l’ombre, Nicolas SCHAPIRA dessine aussi une anthropologie des pouvoirs modernes, souligne les singularités d’un groupe ascendant qui ne se s’identifie ni à un métier ni à un statut mais dont le pouvoir s’accroît à mesure de la construction de l’État et pénètre progressivement toutes les strates de l’administration jusqu’à notre monde présent.

Dans une préface dont la densité égale la précision, Roger CHARTIER, Professeur au Collège de France, rappelle le lien intime entre les secrets et les écritures. Parmi toutes les occurrences de la définition de la charge, il relève deux traits communs essentiels : service de plume et relation de domesticité (p.8). Il note d’emblée les paradoxes de la fonction : dépendance et autorité, service et aisance, obéissance et complicité. Il précise, en outre, l’originalité du travail de l’auteur qui s’attache aux trajectoires des acteurs avec leurs aléas, leurs grâces et leurs disgrâces.

Nicolas SCHAPIRA, se faisant, apporte une contribution originale à une histoire de la culture écrite ou mieux, « graphique » au double sens de l’action et de la force performative. Cette « microhistoire interactionniste » récuse l’idée répandue selon laquelle l’histoire de la monarchie française se réduirait à l’histoire d’une bureaucratisation. Bien au contraire, c’est dans la perpétuation d’un « modèle domestique de l’exercice du pouvoir » que se partagent les secrets et les jours. En poèsie, secrétaire signifie confident (p.11).

Dans son introduction, Nicolas SCHAPIRA annonce ses ambitions. Il s’agit ni plus ni moins que de proposer une méthodologie relative à la manière d’étudier une profession (p.20). Le secrétaire ne se situe pas aisément sur l’échelle des conditions du fait de son état de domestique dans la proximité d’un bien plus puissant que lui (p.21). L’effort de l’enquête porte alors sur l’étude d’une relation sociale dont on recherchera les traits structuraux. Elle engage des gestes et des usages sociopolitiques qui implique un nouvel examen des pratiques politiques de l’âge moderne.

Le secrétaire particulier, loin d’être le symbole de l’archaïsme des pouvoirs d’Ancien régime, incarne au contraire une figure de la modernité qui escorte le développement des appareils de pouvoir bureaucratique. Voilà une des thèses les plus originales de cet ouvrage passionnant et bien écrit. A l’examen du nexus entre maîtres et secrétaires surgit d’emblée une aporie redoutable : l’inégalité des positions de secrétaires suivant l’inégale puissance de leurs patrons (p.23). Le secrétaire ne forme pas un domestique comme les autres.

Il défie l’historien qui tente de le situer dans la société d’Ancien Régime. Son seul statut de domestique n’est pas sans conséquence sur son identité sociale et pourtant ce statut ne suffit pas à définir la place qu’il occupe dans le monde social. Les secrétaires proviennent d’horizons sociaux très différents et ils échappent à toute hiérarchisation intrinsèque (p.25). La pluriactivité fait partie intégrante de la charge. Explorer l’ambiguïté sociale du secrétaire équivaut à traverser les principaux lieux de pouvoir où on les rencontrait.

Loin du tremplin social, il faut saisir à la fois les contraintes des positions et la capacité d’action qui tient aux caractéristiques de la relation sociale de travail qui les lie à leurs patrons (p.26). Une dialectique se noue alors entre la construction d’un réseau de relations autonomes qui confère une certaine indépendance au secrétaire et le rehaussement du prestige du patron grâce à la disposition d’une charge officielle de secrétaire.

Il existe également une grande hétérogénéité de la fonction : secrétaire d’ambassade, secrétaire du Roi, secrétaire particulier. Ce dernier cas offre un curieux partage entre richesse, pouvoir et statut. La proximité d’un puissant fournit un statut protecteur et rémunérateur mais ne confère aucun droit ni privilège. Le pouvoir va de pair avec la précarité (p.29). L’exercice d’un office peut se transformer car celui qui le détient occupe un poste de secrétaire particulier (p.33). Secrétaire renvoie à un double emploi (p.36) : emploi domestique et ensemble de tâches prenantes au sens où elles privent de liberté.

La condition domestique vécue avant tout comme un travail s’oppose à l’état bourgeois qui suppose de vivre de ses rentes (p.37). La question de la rémunération des secrétaires donne à voir sous un angle autre la condition des domestiques privilégiés. Le haut personnel des Maisons aristocratiques, pris dans une économie de la sollicitation, perçoit des gages en fonction de ses alliances. Gratifications, pensions viagères ou pots-de-vin résultent du rôle d’intermédiaire ou d’exécuteur de ses ordres (p.40). « La diversité des activités lucratives de certains secrétaires à côté de leurs fonctions officielles ne met pas seulement en lumières leurs revenus, elle produit aussi un trouble quant à leur identité professionnelle réelle » (p.42).

Le statut social envié de domestique de confiance dans une grande Maison relève de l’instrumentalisation poussée. La condition domestique apparaît dès lors caractérisée non par un type de rémunération mais par une capacité différentielle à accéder à des revenus qui dépendent de la position occupée dans la Maison (p.46). Nicolas SCHAPIRA esquisse ici une sociologie des milieux ou des univers professionnels dans lesquels devenir secrétaire correspondait à un désir longuement mûri ou à un destin possible parmi d’autres, ou encore se révélait un complément utile à d’autres activités (p.47).

Les secrétaires qui peuplent les Maisons aristocratiques provient d’une petite bourgeoisie à talents dont les enfants possèdent des compétences d’écriture et des savoirs comptables. L’emploi de secrétaire s’envisage dans la durée d’une carrière et fait l’objet d’une forte reproduction sociale. Les secrétaires manient la plume. C’est là l’une des caractéristiques essentielles de la fonction : le secrétaire se trouve dans la proximité d’un personnage d’un rang bien plus élevé que lui, et parce que cette proximité peut être travaillée par l’écriture, lorsqu’elle offre la possibilité de déployer des talents d’écrivain, d’historien ou d’épistolier, ouvre des horizons.

Copiste, scribe et secrétaire de l’autre. On ne saurait tracer une limite ni fonctionnelle ni sociale (p.55). Les secrétaires partagent une compétence en matière d’écriture mobilisée dans le cadre d’un rapport social de dépendance qui peut être travaillé au moyen de cette compétence. Apparaît ainsi un modèle domestique d’exercice du pouvoir largement diffusé dans le corps social (p.58). A noter qu’à des fins de clarté et de méthode, l’auteur, spécialiste du phénomène littéraire au XVIIème siècle, pose une conclusion à la fin de chaque chapitre. Ce qui facilite amplement la lecture de l’ouvrage.

Au XVIème, les secrétaires de Roi s’affirment, corps inscrit dans l’Etat et fortement privilégiés par la monarchie. A partir de 1550, les secrétaires d’Etat apparaissent progressivement. La culture de l’imprimé ouvre, pour des individus qui savent manier la plume, à des nouvelles possibilités de se valoriser au moyen de livres. « Toute la difficulté de leur office réside dans la distance entre la condition de celui qui tient la plume et de celui dont il est chargé d’exprimer les pensées » (p.66).

Art consommé propre au secrétaire qui touche aux mystères de l’Etat, cette compétence politique dont la clé tient dans l’observation des pratiques de pouvoir, gît dans la force spécifique de la position : une expertise intellectuelle sise au cœur du pouvoir. L’art des lettres et de la lettre requiert la maîtrise de l’usage du monde autant que des qualités d’auteur (p.71). L’art de manier avec adresse la louange de ses patrons fait écho à une esthétique du silence et du non-dit. L’épistolarité s’étend à l’offre de service pour réaliser un livre ou écrire des poèmes.

Le secrétaire ne travaille pas avec des règles et des lois bien établies, il compose en permanence avec l’humeur du prince et les délicats équilibres curiaux. La question du secrétaire ouvre à celle de la distribution de la faveur (p.82). La fonction représente un modèle aussi bien social que politique, une rationalisation des aspirations d’un certain personnel intellectuel (p.85). Les écrits produits par les secrétaires, au XVIIIème, n’évitent pas la sous-symbolisation.

La fonction ramène le regard à la fois sur des usages de l’écrit aux antipodes de ceux qui servent à construire la figure de l’écrivain et sur la condition domestique de bien des professionnels des lettres. Ils demeurent dans l’ombre de ce qu’ils servent à montrer et n’accèdent pas au rang de figures (p.92). A travers la carrière de Videl, entre 1617 et 1626, se fait jour la compréhension de la manière dont se rencontrent la littérature en voie d’institutionnalisation et l’activité de secrétaire particulier (p.100). Alors que les professionnels des lettres démonétisent la figure de l’auteur-secrétaire, le secrétaire particulier, jouant sur l’ambigüité sociale d’une fonction exercée dans des contextes variés, la transforme en ressource.

Le spécialiste de l’histoire politique de l’écrit pointe un facteur capital dans l’évolution des trajectoires individuelles. En dehors même des accidents de la vie qui interrompent des parcours, tous les individus ne réussissaient pas, sur le long terme, à maintenir le contrôle sur eux-mêmes qu’exigeait leur emploi. Pour des domestiques, il s’agissait de l’abnégation dans la soumission (p. 116). Cerner la spécificité des tâches d’écriture des secrétaires eu égard aux autres domestiques implique non seulement une description précise de l’ensemble des gestes qu’ils accomplissaient mais aussi d’examiner la qualification sociale que ces gestes ont reçue. Comment passe-t-on d’un ensemble de gestes à un emploi reconnu, voire une profession ? Faute de statuts et d’environnement institutionnel, la sociologie des professions ne s’applique pas au cas des secrétaires (p.118).

Inscrire le questionnement sociologique dans une histoire des pratiques professionnelles consiste à construire un parcours entre différents types de sources pour produire une image des mondes domestiques. Un apport de la démarche historienne à la réflexion sociologique. Une autre thèse originale du livre consiste à montrer que l’activité de secrétaire fait voir la capacité de l’écriture d’engendrer des rapports sociaux originaux, quand bien même ceux-ci ne se trouveraient pas stabilisés sous la forme d’un statut ou d’une autre forme de professionnalisation (p.141).

Cette démarche microhistorique et interactionniste mobilise la microphysique foucaldienne du pouvoir au sens où le pouvoir résulte de multiples rapports de force présents dans tous les lieux sociaux (p.166). L’étude des secrétaires fait donc toucher l’histoire comme activité socialement constitutive du pouvoir politique (p.256). Cette enquête sur des relations de longue durée revient, en conclusion générale, sur un célèbre article de Pierre BOURDIEU intitulé : « De la Maison du roi à la raison d’Etat. Un modèle de la genèse du champ bureaucratique » (p.282), refusant toute vision téléologique d’un processus continu de modernisation et de rationalisation de l’Etat.

Les secrétaires de l’Ancien Régime participèrent intensément à la politique du temps. En ce sens, l’exercice du pouvoir provenait d’une coproduction des maîtres et des secrétaires. Cette structure d’action politique déployait tout un ensemble de tactiques en un jeu d’identité et de dédoublement. Apparaissent ainsi des compétences spécifiques définitoires de l’activité politique. Produire en permanence la confiance du maître ne se séparait pas d’une aisance dans le maniement de l’écriture. Un ouvrage nécessaire pour comprendre l’importance de la confiance comme affect, valeur et technique structurants des relations de pouvoir.  
      
 

L'Archipel français

Critiques littéraires

Par Fabien Nègre

Auteur : Jérôme FOURQUET
Titre : L’ARCHIPEL FRANÇAIS
Editeur : SEUIL
Collection : Points Essais
Date : Septembre 2020
 
Analyste politique habitué des plateaux télévisuels, expert en géographie électorale, directeur du département Opinion à l’IFOP, Jérôme FOURQUET, sous le titre évocateur et métaphorique, publie l’ARCHIPEL FRANÇAIS. Succès de librairie (100 000 ex.), cet ouvrage original autant que stimulant par sa méthodologie (cartographie, anthroponymie (étude des prénoms, p.121), géopolitique) profitera sans doute aux étudiants en sciences politiques comme au grand public passionné par la question du politique et les transformations contemporaines de l’hexagone.

Le sous-titre ambivalent, « Naissance d’une nation multiple et divisée » réfère d’emblée au film très controversé « The Birth of a Nation » de Griffith sorti en 1915. En l’espace de moins d’un siècle, la France serait passée d’une nation une et indivisible structurée par un référentiel culturel commun à une « archipelisation » à savoir un archipel d’îles et d’îlots s’ignorant les uns les autres. La fragmentation s’avère multiple : sécession des élites, autonomisation des catégories populaires, instauration d’une société multiculturelle. En conséquence, le système politique se trouverait inopérant à agréger des intérêts particuliers au sein de coalitions larges.

L’auteur avec la collaboration de Sylvain MANTERNACH, a d’ailleurs une formule précise sur Emmanuel MACRON en le qualifiant de « François BAYROU qui a eu de la chance et qui a réussi » (.357). La solide analyse de la recomposition/décomposition du paysage électoral, du big-bang politique que constitue l’élection d’Emmanuel MACRON, le grand basculement que forme la dislocation de la matrice catholique ne dissipe pas pour autant les doutes sur un modèle parfois simplificateur sur fond d’analyse géographique inspirée par Yves LACOSTE.

L’explication du passage d’une société démographiquement homogène jusque dans les années 70 à une société ethnoculturellement diversifiée par une immigration significative s’appuie sur les thèses ambiguës de Christophe GUILLUY sur la « France Périphérique ». Sans nier, par ailleurs, la déchristianisation des pratiques mesurée à la baisse du taux de « messalisants » (p.41), nous ne pouvons pas pour autant négliger l’influence encore prégnante de la vision catholique du monde dans la vie économique et symbolique de la France.
53% des catholiques pratiquants approuvent l’IVG mais le Pape François a pourtant procédé à un rappel au dogme en octobre 2018, comparant l’IVG au recours à un tueur à gages (p.66). Le regard porté par les catholiques sur l’homosexualité a considérablement évolué mais, en août 2018, le Pape François a suggéré de recourir à la psychiatrie lorsqu’un jeune enfant présente des « tendances homosexuelles ». (p.68). Ce qui traduit la persistance du malaise du monde catholique face à l’homosexualité présentée, dans la Bible puis dans les écrits de saint Paul, comme « contre-nature » et donc des plus condamnable.

Un autre effondrement majeur constitue l’effondrement de l’Eglise rouge et la perte d’influence considérable du PCF (p.109). Jérôme FOURQUET passe en revue le bric-à-brac des basculements anthropologiques majeurs depuis 60 ans : mutations profondes du rapport à la famille et aux représentations du couple, montée en puissance des divorces (p.51), augmentation des naissances hors mariages, adhésion au pacs et à la PMA (p.80), développement fulgurant de la crémation, banalisation du tatouage comme narcissisme de masse, importance accordée aux animaux, véganisme, réintroduction du loup et peut-être de l’ours dans nos forêts.

Ensuite, il analyse la sécession des élites et plus généralement toutes les formes de séparatisme. « La concentration géographique de certaines communautés associée à la diversification quasi planétaire des flux migratoires et à l’impressionnante montée en puissance démographique des populations issues des mondes arabo-musulmans, constitue des ressorts majeurs de l'archipelisaiton de la société française ». (p.198). La dernière partie du livre (pp. 415-498) décrit le paysage politique après le big-bang. Y figurent des analyses fouillées, précises et instructives, des électorats RN, LFI et d’Emmanuel MACRON.

Discutons maintenant certains points contestables de ce modèle dualiste parfois simpliste voire inexact entre la France d’en haut et celle d’en bas, des métropoles du centre et du rural périurbain, des villes et des champs, des gagnants-ouverts et des perdants-fermés, ceux de l’Ouest et ceux de l’Est, en montrant qu’on n’évalue pas uniquement un citoyen à un bulletin dans une urne, qu’on ne peut essentialiser l’espace, que rien ne fonde l’insécurité physique et culturelle, concept forgé par Christophe GUILLY.     

La simplification qui oppose deux France séduit mais ne convainc pas car elle fait fi des exercices et expériences d’altérité, de l’histoire, des dynamiques sociales. Au XXème siècle, la polarisation des riches fonctionnait par une opposition entre le centre et la périphérie. En 1947, Jean-François GRAVIER en produira une image-choc : « Paris et le désert français ». Le modèle s’applique alors à toutes les échelles. La bipolarisation ne joue plus au niveau global aujourd’hui mais dans les territoires. La France métropolitaine ne s’oppose pas à la France périphérique mais il existe une différenciation croissante dans chacun de ces espaces métropolitains ou extra-métropolitains.

La simplification opérée procède d’une division idéologique. La richesse et les opportunités sociales se concentrent en métropole mais cela n’implique pas une distribution égale. La Seine-Saint-Denis située au cœur de la métropole, par exemple, offre à ses habitants des opportunités que n’ont pas les populations des espaces non-métropolitains. Les arguments fondés sur le fantasme de l’immobilité reposent sur des glissements imperceptibles. La mondialisation diffère de la mondialité, ce réseau généralisé qui fait de nos destins individuels un devenir collectif.

La mondialisation ne signifie pas « multiculturalisme » et « communautarisme ». La question centrale ne réside pas alors dans celle des "identités" qui s’opposent mais bien dans celle des principes fondamentaux d’une société qui fait de la libre association des individus libres, autonomes et égaux le principe moteur de l’équilibre social et de la créativité des communs.

Le trauma colonial

Critiques littéraires

Par Fabien Nègre

Auteur : Karima LAZALI
Titre : LE TRAUMA COLONIAL. Une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l’oppression coloniale en Algérie. 
Editeur : LA DECOUVERTE
Date de sortie : Septembre 2018.
 
Psychologue clinicienne, psychanalyste à Paris et Alger, Karima LAZALI nous donne un livre brillant, important, pas toujours facile car il engage de la complexité et de l’émotion, pour comprendre l’Algérie contemporaine. En effet, dans cette enquête singulière sur ce que la colonisation française a fait à la société algérienne, elle nous restitue des résultats étonnants. Le constat de départ tient dans l’incapacité de la théorie psychanalytique à rendre compte des troubles spécifiques des patients.

Seuls les effets profonds du « trauma colonial » permettent de comprendre que, plus d’un demi-siècle après l’indépendance, les subjectivités continuent à se débattre dans des blancs de mémoire et de parole en Algérie comme en France. L’auteure de « La Parole oubliée » (Eres, 2015) nous montre ce que ces blancs doivent à l’extrême violence de la colonisation : extermination de masse dont la mémoire enfouie n’a jamais disparu, falsifications des généalogies à la fin du XIXème siècle, sentiment massif que les individus sont réduits à des corps sans nom.

La « colonialité » fut une machine à produire des effacements mémoriels allant jusqu’à falsifier le sens de l’histoire. En détruisant l’univers symbolique de « l’indigène », elle a dérouté la fonction paternelle. Cet impossible à refouler resurgit inlassablement, clef de la permanence du fratricide dans l’espace politique algérien. Un livre incisif, lucide et courageux où l’analyse clinique mobilise également les travaux des historiens et une relecture nouvelle des œuvres d’écrivains algériens de langue française tout en poursuivant un dialogue fécond avec l’œuvre fanonienne.

Cet ouvrage imposant et lumineux s’inscrit dans la lignée de la thèse essentielle de Mohamed BENRABAH, « Langue et pouvoir en Algérie » (Verdier, 1999) justement sous-titrée « histoire d’un traumatisme linguistique », qui avait entrepris l’analyse de la langue où s’exprime et se construit le plus profond de la personnalité intime et collective.

Karima LAZALI nous invite à dépasser le pacte colonial : « le temps est vraiment venu de permettre à l’Histoire de faire vivre sereinement une mémoire plurielle dans laquelle chaque sujet d’ici et de là puisse se reconnaître, se sentir accueilli et exister, pour enfin délivrer le chant « déchiré » de l’homme. Et ainsi espérer que l’Histoire entre enfin dans le débat public contemporain » (p.274).       
    
 

Un monde en nègre et blanc

Critiques littéraires

Par Fabien Nègre

Paru le 16 janvier 2020, 400 pages (10€), le livre d’Aurélia MICHEL intitulé « Un monde en nègre et blanc. Enquête historique sur l’ordre racial » est un livre majeur, brillante synthèse originale de l’histoire de l’esclavage, qui donne à comprendre pour la première fois, le rôle capital de l’ordre racial dans la structuration du monde contemporain. Cette investigation historique entreprend de relater et de clarifier, auprès d’un très vaste public, le poids encore très actif de l’esclavage dans nos sociétés.

Dans ce travail décisif reprenant les grandes étapes qui ont conduit de l’esclavage méditerranéen puis africain et atlantique aux processus de colonisation européenne dans trois continents (Afrique, Amérique et Asie), elle fournit les clés historiques de la définition de la race, et dévoile ses fondements économiques, anthropologiques et politiques. L’expérience atlantique fondée sur le travail forcé et la traite esclavagiste, non seulement a forgé la puissance économique de l’Occident mais a aussi orienté ses catégories du politique, ses savoirs scientifiques et la construction de sa philosophie humaniste.

En revenant sur l’histoire passionnante du mot « nègre », l’ouvrage explicite les significations de la « blanchité » aujourd’hui. L’auteure, Aurélia MICHEL, née en 1975, est historienne, maître de conférences en histoire des Amériques noires à l’Université Paris-Diderot et chercheuse au Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (CESSMA). Ses recherches actuelles portent sur le Brésil contemporain. Elle a notamment contribué au scénario du documentaire « Les Routes de l’esclavage » diffusé sur ARTE en 2018.

On ne soulignera jamais assez à quel point il demeure rare, complexe et difficile de produire un livre d’histoire bien écrit, qui se lit presque comme un roman grand public sans céder à la facilité et qui mobile une grille analytique diversifiée (anthropologie, sociologie, philosophie, linguistique). Aurélia MICHEL réussit ce pari souvent impossible même si l’on pourrait discuter des points de détails érudits. Il s’agit d’un livre essentiel pour tous les étudiants mais également le grand public éclairé qui s’intéresse à la question de l’ordre racial et ses effets de réel dans la domination occidentale qui régit notre monde contemporain.

Il en va également de ce qui engage nos identités au prisme des notions de liberté, d’égalité, de travail, de construction européenne. L’essai historique d’Aurélia MICHEL plante le décor dans une première partie sur les esclavages et les empires. Elle montre clairement comment l’esclavage s’institue d’abord dans une dynamique européenne puis dans la plantation atlantique avant la découverte américaine. Dans une deuxième séquence, la période nègre se centre autour de la plantation négrière comme société impossible qui conduira à une crise majeure débouchant sur l’abolition.

De la fiction nègre à celle du blanc s’installe un règne du blanc par une réorganisation du travail colonial sans esclavage. Le récit de la supériorité blanche perdurera par des nouvelles conquêtes, le gouvernement des races, des délires et des démons jusqu’à sa cristallisation ultime au tournant des années 30 dans le nazisme. L’intrigue de la race, de la fiction nègre à la fiction blanche, invite à en finir avec la race pour une « proposition politique globale » (p.351).   

Dans son avant-propos, Aurélia MICHEL balaie d’emblée les idéologies qui pourraient se réclamer de la race (p.9) s’appuyant sur les conclusions du célèbre fascicule édité par l’Unesco en 1950 : « Qu’est-ce qu’une race ? ». La race, notion infondée sur le plan biologique, n’existe pas. Le racisme fait l’objet d’une condamnation morale et surtout juridique. Mais les inégalités raciales et la violence raciste existent bel et bien dans nos sociétés (p.10). Le mot « nègre », métonymie datant de la fin du XVIème, associant durablement les termes d’esclave et d’Africain, revêt pourtant une puissante actualité.

L’auteure de ce brillant essai critique remarque d’ailleurs : « c’est encore l’écho de cette violence qui conduit beaucoup de personnes (blanches) à éviter le mot « noir » au profit d’une sorte d’euphémisme, « black », qui place peut-être celui qui l’énonce à distance de la réalité qui l’évoque ». Elle pose tout de suite le principal enjeu de son ouvrage appelé à devenir un classique : « la race en tant que réalité sociale et politique, malgré son invalidation scientifique, existe. Cette réalité est à la fois niée et parfaitement connue » (p.10).

L’esclavage s’avère central dans la construction de la modernité européenne et en particulier française puisque la France est la nation qui a poussé le système esclavagiste et colonial à son plus haut degré et à sa pleine puissance. Il y a obstacle et impossibilité à dire une telle violence. Le fil directeur de cette enquête historique minutieuse montrera la centralité, la violence, la continuité de l’institution esclavagiste puis raciale dans notre histoire (p.12).

Cette introspection se veut à la fois modeste car elle ne prétend rien révéler et ambitieuse car elle aspire à l’élaboration d’un savoir historique fondamental qui affirme qu’une histoire de la race est possible et que celle-ci est un objet historique. (p.14). Ce processus commence par l’expansion européenne et le développement de la traite atlantique au XVIème siècle, se diffuse à travers la colonisation de l’Afrique et de l’Asie. Cette connaissance historique vise à dégager l’intelligibilité de « l’ordre blanc », héritier de l’Ancien Régime chrétien en Europe, son développement atlantique moderne, et son ancrage dans les Lumières et la révolution française (p.15).

Aurélia MICHEL analyse cet ordre total qui repose sur l’autorité d’un individu masculin européen désirant la liberté, la famille, la propriété et la patrie. Dans une longue introduction, l’historienne des Amériques noires s’applique à brosser l’histoire des mots « nègre », « blanc » ou « racisme ». Elle choisit la définition du racisme de la sociologue Colette GUILLAUMIN, l’exercice d’une domination par discrimination. (p.17). « L’assignation a une race est un procédé unique qui s’inscrit dans le cadre de l’occidentalisation du monde » (p.18).

On apprend à chaque page de ce livre dense et érudit. Le mot « race » ne prend un sens contemporain que très tardivement, en Europe, à la fin du XVème. Il désigne « la lignée, attribut de la noblesse féodale qui, en établissant sa généalogie » se distingue du commun (p.18). Ce changement paradigmatique de la noblesse européenne privilégie les liens de sang eu égard aux liens de la terre pour modifier les successions et héritages, et répondre à une crise majeure de son économie. Minant les erreurs historiennes et errances historiques, déminant les truismes heuristiques de la période, la chercheuse au CESSMA déjoue tous les pièges habituels à ce champ d’analyse.

La race apparaît quand l’esclavage disparaît. (p.19). Il faut donc inverser toutes les perspectives : « C’est bien parce que les Européens ont mis les Africains en esclavage qu’ils sont devenus racistes ». Les raisons de la traite précèdent l’idée de race et n’ont même strictement aucun rapport avec la couleur de la peau. L’enquête lexicale saccage les égarements. L’esclavage, une des institutions les plus répandues dans l’histoire de l’humanité, se développe spécialement autour de la Méditerranée à l’époque antique et au Moyen Âge, sans aucune question de couleur de peau mais de statut, de travail forcé, de captures de guerre, d’échanges de marchandises tous azimuts. (p.23).

Aurélia MICHEL, dans une approche historique perspectiviste, présentifie bien des articulations invisibles ou méconnues voire inconnues : le rôle majeur de la plantation esclavagiste qui industrialise par ses échelles de production et ses bénéfices enregistrés le système capitaliste et sa mondialisation ; la fonction du projet colonial dans le paradigme où prévalent le salariat industriel et l’économie urbaine. En bref, le rôle des immenses fortunes accumulées (p.128 : Antoine Crozat, banquier du roi et homme le plus riche de France, construira le Palais de l’Élysée, la Place Vendôme et le Ritz) aux colonies dans la révolution industrielle (p.25). Au vrai, elle dévoile, à la disposition de tous, parfois dans le détail insoutenable, « la construction usurpée, fracassante et aujourd’hui péniblement nostalgique, d’un monde en nègre et blanc » (p.26).

La reprise de la définition de l’esclavage de Claude MEILLASSOUX, permet une pertinence en miroir de la parenté. L’esclave est l’antiparent (p.37). Etre exclu de la parenté revient à ne pas pouvoir transmettre le statut conféré aux congénères, aux libres, aux nationaux, aux citoyens, aux hommes des droits de l’homme ou toute autre qualité qui définit l’appartenance à un groupe. (p.39). L’esclave naîtra et grandira chez le maître mais il ne deviendra jamais le conjoint des enfants libres avec qui il aura grandi et n’intégrera pas la parenté ni par le mariage ni par la filiation (p.41). Cet état assure sa domestication.

Les conséquences sociales de l’esclavage impliquent que les esclavagistes « captent » la part du travail que l’esclave aurait dû destiner à sa descendance. On voit alors que les deux modalités d’acquisition d’esclaves se concentrent entre la guerre et le marché. La production d’esclaves se qualifie par trois procédés concomitants dans toutes les sociétés : dépersonnalisation, désexualisation, décivilisation.

Pour comprendre, la « face nègre » de l’Occident (p.109), il faudra penser la plantation, rouage de l’économie atlantique, lieu où converge les violences et les relations sociales qui en découlent, expérience humaine radicale que les élites n’auront de cesse de justifier (p.110). L’état négrier de Colbert promulgue le Code Noir en 1685. Il existe une raison d’état qui produit le nègre, le capture en Afrique, le transporte à travers les mers, le force à travailler (p.125). La production coloniale et en particulier du sucre ou du café, n’a d’intérêt que par sa dimension capitaliste (p.131).

Les colonies incarnent le laboratoire et bientôt l’usine d’une expérience traumatique qui n’en finit pas de résonner (p.133). Le système de plantation caraïbéen, entre 1710 et 1750, se présente comme une société impossible où l’usage systémique de la violence (inouïe, cumulative, exponentielle, auto dévastatrice) constitue l’unique principe de socialisation (p.136). « Pour le planteur, il n’y a pas de femmes ni d’hommes mais des nègres dont le travail doit être poussé au maximum grâce à une organisation adéquate du travail ». La violence force d’abord au travail mais évite aussi la rébellion (p.151).

La surenchère paranoïaque provoque une terreur structurelle (p.153) où la crainte du marronnage hante et crispe les propriétaires. En 1771, Samuel DUPONT DE NEMOURS entend démontrer l’égalité naturelle des Noirs avec les Blancs. L’esclavage devient inadmissible moralement. La Révolution française en précipite la fin (p.189) en 1794. Aurélia MICHEL montre la fragilité de la fiction du nègre et qu’elle pouvait exploser à tout moment à la figure de celui qui la brandit. (p.190).

Mais la violence structurelle insoutenable (p.192) accumulée demeurera après l’abolition comme « intransformée » (Caroline OUDIN-BASTIDE) dans notre inconscient collectif. Napoléon, dont la femme Joséphine est fille d’un planteur martiniquais, s’empresse de revenir dessus en 1803. Même Toussaint Louverture, ancien planteur et général noir, fait appliquer une législation esclavagiste en 1801 à Saint-Domingue. Là où l’institution esclavagiste faillit, la race trouvera sa fonction dans le règne du blanc (p.200).
La « domi-nation » s’étendra de 1790 à 1830. « Car le nègre est non seulement l’esclave mais la menace permanente d’une affiliation à l’esclave et de la confrontation avec la violence qui l’a produit ». (p.213). Dans une conclusion remarquable sur l’intrigue de la race, l’auteure explique que nous n’en avons pas fini avec la grille raciale qui continue d’organiser les rapports sociaux dans nos démocraties. L’histoire de la race ne se réduit pas à celle des racisés. La race est notre ordre social global (p.339) indissociable de l’esclavage.

Elle consiste dans un fait psychologique jamais entièrement rationalisable dans une théorie économique ou dans le pragmatisme capitaliste. « L’expérience nègre nous fait entrer dans un cycle exponentiel dans lequel à la violence succède son déni, qui déclenche une violence plus importante encore (p.341) ». Dans l’inconscient profond de nos sociétés occidentales, l’ordre racial touche à nos structures anthropologiques. Tout l’enjeu du racisme réside dans la restriction de l’accès au statut de parent qui définit l’appartenance au groupe au sens anthropologique c’est-à-dire à l’humanité (p.349). Défaire la race consisterait alors à accepter le moindre rôle de la filiation biologique (p.351), se soumettre aux exigences d’un cycle qui nous constituerait en fraternités-sororités de parents responsables des générations précédentes et engagés dans l’avenir des suivantes.          

Auteur : Aurélia MICHEL.
Titre : UN MONDE EN NEGRE ET BLANC. Enquête historique sur l’ordre racial.
Editeur : Seuil.
Collection : Points Essais Inédit.
Date de sortie : janvier 2020.

PORNLAND. Comment le porno a envahi nos vies.

Critiques littéraires

Par Fabien Nègre

Traduit de l’américain par Nicolas CASAUX, le présent ouvrage de Gail DINES initialement publié aux Etats-Unis, à Boston, en 2010, entreprend de montrer comment la pornographie, au cours des dernières décennies, a investi tous les pores de la société aussi bien les médias culturels (Télévision, Cinéma, internet, jeux vidéo, littérature, presse) qu’en tant qu’industrie majeure moteur du développement technologique et capitalistique. Il s’agit là d’une enquête incisive décisive à la fois eu égard à la durée de l’étude mais également à la diversité des sources, livre politiquement engagé, à charge, sur une omniprésence dans nos intimités par une activiste, féministe et militante.

Dans son avant-propos, Cécilia LEPINE, écrivaine française spécialiste des mouvements sociaux américains, ne manque pas de situer l’ouvrage dans le courant de la pensée féministe contemporaine tout en pointant les paradoxes libéraux au sein de ce mouvement. Les faits ne mentent jamais : « 95% des enfants de onze ans ont déjà été exposés à des images pornographiques ». La pornographie audiovisuelle se consomme majoritairement sur internet (p.7) où elle pullule depuis au moins vingt ans. Gail DINES montre, de façon implacable que cette industrie maltraite les actrices, renvoie une image de la femme comme objet sexuel.

L’étude porte plus précisément sur le gonzo, genre inspiré de la pornographie amateur qui se distingue par des actes sexuels d’une extrême cruauté envers les femmes. Or, la pornographie représente, pour certains libéraux, une forme de libération sexuelle combattant la répression morale et la censure (p.9). Gail DINES argue que le « sexe violent » diffère de la « violence érotisée ». Les conséquences en termes de représentations sociales, de comportements sexuels et de rapports émotifs relèvent de l’incommensurable (p.16).

PORNLAND ouvre, en outre, par son analyse implacable ad nauseam, sur l’imminence d’imaginer l’épanouissement sexuel entre les femmes et les hommes où le plaisir ne fait plus loi sur l’empathie. « Nous avons tous droit à mieux » (p.16). Dans une préface rigoureuse et émouvante, Robert JENSEN, collègue de l’auteure, écrivain, professeur à l’université d’Austin, souligne les fondements patriarcaux de l’industrie pornographique en expansion quasi infinie. Il salue le combat critique féministe radical pionnier de sa consœur mais avoue : « Dans un monde décent, ce livre n’aurait pas lieu d’être. Malheureusement, il est plus pertinent que jamais » (p.27).

Dans une généalogie subtile et une archéologie profonde de l’industrialisation du sexe, Gail DINES éclaire sur les sommes pharaoniques en jeu, sur le rôle central de magazines tels que Playboy (p.83), Penthouse et Hustler dans la préparation de l’espace culturel pour l’avènement de l’industrie contemporaine du porno hardcore (p.65), sur l’exploitation des personnes non-blanches (pp.263-293), sur la pédopornographie qui banalise la sexualisation des enfants (p.333).

La conclusion appelle à riposter dans un monde où la pornographie s’invisibilise par son omniprésence (p.336). La résistance s’organise à petite échelle avec l’éducation populaire comme puissant outil de changement. Ce mouvement inclut les hommes déshumanisés, avilis par les images qu’ils consomment. « La lutte contre la pornographie propose aux hommes une sexualité célébrant le relationnel, l’intimité et l’empathie, une sexualité fondée sur l’égalité plutôt que sur la subordination ». (p.339).

Dans une postface offensive, Tom FARR, chercheur britannique spécialisé dans les droits humains au sein du CEASE (Centre pour en finir avec toutes les exploitations sexuelles), rend hommage au caractère visionnaire du présent ouvrage qui mérite une lecture méticuleuse indispensable.   
      
Auteur : Gail DINES.
Titre : PORNLAND. Comment le porno a envahi nos vies.
Editeur : EDITIONS LIBRE
Date : 2020

97 livres

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