Tentation : MIAM MIAM À MIAMI

Et si cet hiver vous quittiez le ciel gris et le froid de l'Europe pour le soleil de la Floride ? Bienvenue à Miami ! C'est en effet d'octobre à mars qu'il faut se rendre à Miami.
Par Ludovic Bischoff

Et si cet hiver vous quittiez le ciel gris et le froid de l'Europe pour le soleil de la Floride ? Bienvenue à Miami ! C'est en effet d'octobre à mars qu'il faut se rendre à Miami. Il y fait bon mais pas trop chaud et humide comme en plein été.
Les moustiques sont encore endormis. Et vous évitez ainsi d'être au milieu d'une foule de touristes venus du monde entier. Pour autant, la ville reste très animée à cette saison. Juste ce qu'il faut pour apprécier les bonnes tables où l'on sait à la fois faire la fête et se régaler d'une cuisine souvent influencée par l'Amérique latine toute proche. Voici mes conseils pour un parcours culinaire surprenant à Miami.

La "french touch" du Baoli enflamme Miami
Première adresse, pour ne pas subir trop de décalage par rapport à la France, allez directement au Baoli, sur Collins Avenue à Miami Beach. Ce nom vous dit quelque chose ? Normal, c'est la même équipe que le Baoli de Cannes qui a ouvert cette adresse américaine. Résultat, c'est assez incroyable, mais on perçoit d'emblée une sorte de "french touch" lorsque l'on pénétre dans ce vaste restaurant. L'équipe est en partie française mais c'est un chef argentin, Gustavo Vertone, qui a la charge de réinterpréter les grands classiques de la cuisine française version méditerranéenne. Il y parvient magnifiquement avec la salade nicoise au thon, la sole meunière ou la "rustic bouillabaisse" servie dans un chausson de pâte à pain : impression garantie à table. La carte est vaste, les plats facturés un bon prix mais la qualité est là. Goûtez au "stone crab" en saison. Le risotto à la truffe noire est parfait. Une belle carte carnivore, des "pastas" et poissons du jour sont là pour satisfaire n'importe quel français égaré en terre américaine. Et surtout, allez-y pour l'ambiance, assez paillettes, importée directement de Cannes. L'équipe du Baoli n'a pas son pareil pour mettre le feu au bar (au sens propre !) et faire tourner les serviettes des invités. Les locaux adorent et trouvent ça tellement exotique cette ambiance "à la française". Voilà une bonne entrée en matière avant d'aller explorer plus en amont la scéne culinaire de Miami...

Dévorez un savoureux steak au Betsy Hotel
Pour continuer votre périple, pas la peine d'aller trop vite. Vous avez envie de goûter aux grands classiques de la cuisines américaine, burgers et sandwich en tête ? Mais tout en soignant la qualité ? Alors précipitez-vous au BLT Steak. Il s'agit du restaurant du Betsy, un hôtel adorable des années 30, ma meilleure adresse à South Beach (à partir de 260 $ la nuit). Entièrement rénové en 2009, le Betsy offre une atmosphère tropicale chic. On imagine Hemingway accoudé au bar. Il n'y a jamais mis les pieds, mais qu'importe. Les 60 chambres élégantes, le toit terrasse qui domine la mer juste en face, tout est séduisant dans cet hôtel de charme. Le Betsy soutient les écrivains en mettant à leur disposition une chambre dans laquelle ils peuvent venir, gracieusement, passer une semaine au soleil pour travailler sur un texte. Une philanthropie voulue par le propriétaire de l'hôtel dont le pére, Hyam Plutzik, était un poête reconnu et finaliste du prix Pulitzer. Des petites attentions originales comme la disposition d'un ppéme sur votre oreiller le soir ou la possibilité de s'inscrire pour recevoir un poéme par jour par email font de cette adresse élégante un havre de paix et de bon goût à South Beach...

Mais revenons à la table. BLT Steak veut dire en fait "Bistro Laurent Tourondel". Eh oui, encore un français aux commandes ! Mais la carte est, elle, très américaine. Ici on mange du boeuf, de l'Angus pour être précis. Sur la carte en papier kraft on vous explique les différentes coupes et on vous apprend que la viande est cuite au grill "1700" ! Un luxe de précisions pour introduire une succulente dégustation carnée. Vous hésitez entre l'american wagyu skirt et le cab hanger steak ? Allez-y à l'instinct. De toute manière la viande sera parfaite. Accompagnée de frites maison ou d'asperges grillées. Ne loupez pas le pain maison qui ressemble à des gougéres bien de chez nous. Irrésistible ! Enfin, Laurent Tourondel n'est pas sectaire. A ceux que la barbaque rebute, il propose un large carte de sushi et sashimi tous plus inventifs les uns que les autres. Bref, voilà une seconde entrée en matière gastronomique qui vous prépare l'estomac pour du plus sérieux made in USA.
The Betsy Hotel.

Osez le Reuben chez Jerry
Et puisque maintenant que vous êtes dans le bain, allez donc pousser la porte de chez Jerry, un deli ouvert non stop depuis 1978 à quelques rues du Betsy. Jerry's famous deli, pour être exact, baigne dans le jus des 70's. Ici on touche du doigt l'âme de la cuisine populaire américaine. La carte n'en finit plus de détailler les variantes de breakfast servit 24h/24 dans cette cantine qui ne ferme jamais ses portes. Poser ses fesses sur l'une des banquettes en cuir rouge de la vaste salle, c'est l'assurance d'assister à un spectacle digne d'un tableau de Hopper. Armez-vous de patience pour décrypter la carte et choisir parmi les salades, hamburgers, pastas, sandwich etc. Pour ma part, dans ce genre d'endroit revendiquant le titre de deli, j'opte toujours pour le Saint Graal de la cuisine juive revisitée made in USA : le sandwich Reuben. Soit des tranches de pastrami coincées entre deux tranches de pain avec de la choucroute et du fromage "suisse" qui n'a jamais vu les alpages de la confédération. C'est costaud. C'est du sérieux. Surtout si vous faites ça dans les régles en y ajoutant non pas des frites (touristes va !) mais une salade aux pommes de terre et oeuf avec mayonnaise (souvent appelée "salade russe"). Le Reuben de Jerry tient bien la route et pour ses 18 $ il va vous tenir au corps un bon moment...
Jerry's famous Deli.

Pour rester dans l'ambiance, et parce qu'une petite sieste ne serait pas de refus pour digérer votre passage chez Jerry, pourquoi ne pas aller réserver une chambre au New Yorker Motel ? Sans doute le motel de style MiMo (soit Miami Modern, le style architectural datant des années 50 lorsque la ville a connu son grand boom touristique populaire) le mieux restauré. Situé sur Biscayne boulevard, un peu en retrait par rapport à la plage, le New Yorker et un petit joyau vintage très accessible (à partir de 79 $ la nuit) qui mérite une pause pour s'offrir un retour dans le passé glorieux de l'Amérique qui rock'n rollait.
Hotel Newyorker Miami.

Street art et cuisine inspirée au Wynwood Walls
Mais pour rester dans l'air du temps actuel, allez plutôt faire un tour dans le Wynwood District. Des anciens entrepôts et des petites usines qui sont squattés par des galeries d'art et des boutiques branchées. Les amateurs de street art doivent s'arrêter aux Wynwood Walls, un complexe artistique dont les murs ont été offerts aux plus grands graffeurs comme Shepard Fairey (connu du grand public pour avoir réalisé l'affiche de campagne "Hope" d'Obama en 2008), Invader, le petit français qui sème des mosaïques de Space Invader à travers la planéte, ou encore Nunca, Futura, Aiko et bien d'autres. Votre appétit pour l'art de la rue rassasié, attablez-vous au Wynwood Kitchen & Bar pour déguster une des cuisines les plus savoureuses de Miami. Les influences latines du chef Miguel Aguilar donnent une carte tout en liberté et inventivité. La vaca frita, soit des morceaux de boeuf marinés puis frits est somptueuse. Gouteuse et tendre, un vrai régal. Partagez les petites brochettes de poulets et de crevettes avec un houmos maison parfait. Et gardez une place pour les desserts tous plus surprenant les uns que les autres, mélant dulce de leche et compotes, par exemple. Je suis prêt à parier qu'il n'y a aucune mauvaise surprise à la carte de ce restaurant très cool et branché qui constitue ma meilleure expérience culinaire à Miami. Le tout avec des prix très raisonnables...
The Wynwood walls.
Wyndwood Kitchen and bar.

Offrez-vous un brunch au champagne au Biltmore
Et puisque vous avez mangé comme un roi, allez dormir comme tel en vous installant au Biltmore. Construit dans les années 20 dans un no man's land qui allait devenir l'un des quartiers les plus chics de la ville, Coral Gables, le Biltmore est une sorte d'immense château à l'architecture méditerranéenne. On hêsite entre Italie et Espagne. C'est un mix réussi des deux cultures. La bâtisse immense, tout en marbre et en bois précieux est un joyau et on imagine tout à fait Al Capone venir y passer l'hiver ! Les anecdotes sur ce monument d'histoire sont toutes plus savoureuses le unes que les autres. Sachez seulement que le propriétaire a fait venir des gondoliers de Venise pour promener ses clients dans les canaux creusés à l'époque. La légende dit que les pauvres gondoliers dépités de se retrouver dans la sauvage Floride d'alors ont fait venir leur famille qui ont constitué le socle de la communauté italienne de Miami ! Si vous n'avez pas les moyens de résider au Biltmore (à partir de 230 $ la nuit) venez au moins le dimanche pour le Sunday Champagne Brunch qui se tient dans le patio extérieur. Pour une centaine de dollars vous aurez droit au plus impressionnant buffet de la côte est des Etats-Unis. Sushis, bancs de crustacés, des plats viandes, pastas faites à la minute, pâtisseries et desserts à l'infini... Aucun être humain ne pourrait décemment gouter à tous les plats proposés à ce brunch incroyable. Et pour digérer le reste de la journée, l'immense piscine hollywoodienne est un havre de paix que l'on ne peut pas louper. Avant de reprendre l'avion pour revenir dans le froid et la grisaille européenne. Adios Miami. A la proxima !
Biltmore Hotel.

Comment y aller : American Airlines est la compagnie américaine qui offre le plus de liaisons entre Paris et Miami. Comptez une dizaine d'heures de vol à l'aller, un peu moins au retour. On décolle le matin de Paris et l'on arrive en début d'après-midi à Miami. Au retour, vol de nuit. L'hiver, la destination est très prisée par la jet set européenne, donc le prix des billets s'envole. Pensez à réserver à l'avance, car c'est quand même la meilleure saison pour aller en Floride. Air France assure aussi quotidiennement un service pour Miami. Comptez entre 500 et 600 euros en moyenne pour un billet aller-retour.
American Airlines.

Le site de l'office de tourisme de Miami : Miami and beaches.

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