EXPÉDITION POLAIRE AU GROENLAND ... SUITE - PAR VÉRONIQUE ANDRÉ

Rappelons que ce que fait notre quotidien gastronomique d’Européens, s’appellent : veau, vache, cochon, légumes, fruits, et bien sûr poissons. Alors, âmes sensibles, raisonnez vous les Groenlandais sont des chasseurs survivants de leurs prises et s’ils n’y avaient que les Inuits pour chasser les baleines, elles ne seraient certainement pas en voie de disparition aujourd’hui.

À TABLE :
Les groenlandais se nourrissent presque exclusivement de leur pêche et de leur chasse et le choix est pauvre. Leur quotidien même s’il change depuis quelques années est basé sur les produits d’une nourriture traditionnelle. Ils sont friands de Caribou, phoque, flétan, baleine, guillemot, bœuf musqué. Le groenlandais fait souvent bouillir sa nourriture qu’il associe à des pommes de terre des oignons et des betteraves qui sont les seules cultures possibles. Mais il fait aussi sécher certains poissons.
Sur les marchés, assez spartiates, on trouve chez le même fournisseur poisson et viande car en réalité nous sommes dans un comptoir où les chasseurs apportent du gibier (ils n’ont pas d’abattoirs).
Je n’ai pas été tentée, ni par l’œil de phoque, ni par le foie cru, ni par un steak de narval mais je reconnais avoir savourer l’une des meilleures betteraves à l’égale des Australiennes, petites rondes et bien sucrées.
Alors sans juger car là n’est pas notre propos nous avons découvert ce que le peuple des glaces mange pour survivre. Rassurez vous néanmoins depuis quelques années, les plus gros villages appelés « villes » reçoivent régulièrement une alimentation importée du Danemark.
Là bas la baleine se cuisine en steak, le Mataq (peau de Narval) est une fine tranche de lard qui se consomme crue avec du sel, le caribou et le bœuf musqué (ont un goût proche des nos viandes européennes) sont des viandes bouillies, comme celles des Eiders et Guillemots. Flétan, morue et saumon se mangent cru ou fumé, les moules et les oursins ont un goût plus prononcé que les nôtres.
Les seuls végétaux disponibles sur cette terre glacée sont ceux du mois d’Août Myrtilles de neiges, airelles et camarines, quelques rares bolets en septembre et oseille pissenlits et épilobes en fleurs en Juillet.
Sachez que : l’élevage et l’agriculture au Groenland (pays qui fait 5 fois la France) ne font vivre que 70 fermes et 350 personnes au sud de l’île. (plus grande île du monde après l’Australie).
A BORD : c’est une autre histoire, le bateau se déplace sur toutes les mers du monde et le frais à table, n’est que celui trouvé dans les ports. Inutile de préciser qu’au Groenland aucune viande locale n’a été servie (cause de manque de traçabilité) mais du poisson en abondance. C’est là que mon palais de gastronome à détecté la saveur des betteraves et des pommes de terre locales, c’est à peu prêt tout je vous le concède.
Croyant trouver en cuisine, un disciple du grand René Redzepi (Étoilé de talent à Copenhague) il a fallu toute la diplomatie du chef de la restauration à bord, ( Philippe) pour me faire avaler la pilule. Sans aucun jeu de mots car les deux derniers jours de tempête à bord, se sont joué de la gastronomie. Les plaisirs de la table ont été compensés par une équipe et un service de bon niveau (merci à Olivier et Benoit), qui se pliaient en quatre pour me faire goûter des coquilles Saint Jacques au chèvre ou du potage aux carottes et à la vanille !!!! (menu décidé par un chef audacieux)
Deux restaurants à deux ponts différents sans compter celui en bord de piscine, suffisent à dispatcher une clientèle pas toujours facile. Il y a là quelques intellos, retraités et simili aventuriers, mais il y a aussi, de jeunes mariés en voyage de noce, des grands parents téméraires avec leurs ados, quelque solitaire venu changer de vie ou encore une jolie dame et sa petite fille, et des célibataires à la recherche de l’âme sœur. Tous appréciaient de grands buffets bien chargés.
Loin de l’ambiance de « la croisière s’amuse », caricature et feuilleton américain, sur le « Diamant » on était plutôt sur le pont des privilégiés. Conférences, concerts et expéditions étant notre lot quotidien, intensif. N’oublions pas les membres de l’association « murmures pour les baleines ».
Le MUST : la passerelle.
C’est à la Passerelle (lire le poste de commande ou l’on est invité) que j’ai perdu mon angoisse du bateau, c’est à la passerelle, que je me suis amarinée, c’est à la passerelle que j’ai eue la plus grande émotion de ce séjour.
À une heure du matin une arrivée sur le front glaciaire de la baie de Disko dans la lumière d’un soleil qui se couche pour se relever aussitôt, le « Diamant » dans un silence épiscopal mené comme une danseuse par le commandant Jean Philippe Lemaire , se jouait de toutes les glaces, avec une aisance insoupçonnable. Silence dans les coursives, silence sur les ponts, seuls les ordres précis et ciselés du commandant dont l’écho des lieutenants répondait sur le même ton, se mêlait au déchirement des glaces. À cet instant, on découvre que la Grâce existe et que les mots quels qu’ils soient ne peuvent servir de commentaires. J’ai touché au divin, et ne reviens pas tout à fait pareille de cette expédition.
EXPÉDITION - 10 jours :
Au départ de Paris avion affrété par la Compagnie du Ponant, pour l’aéroport de Kangerlussuak, sur la côte Ouest du Groenland. Approche de la calotte glaciaire. Montée à bord du « Diamant » et descente du fjord, remontée vers le petit village de Sisimiut. Remontée vers la baie de Disko bien au dessus du cercle polaire. Rencontre avec les premières baleines en mer du Labrador. Survol des glaces en hélicoptère. Redescente au Sud en passant par Nuuk, Qaqortoq et Narsarsuak, vers le Cap Farvel, avant la traversée vers l’Islande, dernier jour en Islande.

COMPAGNIE DU PONANT :
408, avenue du Prado
13008 Marseille
Téléphone : 0821 20 30 40

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