Autant vous prévenir tout de suite, j’ai peur en bateau doublé d’un mal de mer chronique, je déteste les ordres et fuis la promiscuité... une croisière en mer de glace n’était donc pas gagnée lorsque j’ai été invitée à partager l’unique croisière du mois d’Août au Groenland sur
le Diamant l’un des trois joyaux de la « Compagnie du Ponant » seule habilitée à surnager ce pays de glace. Mais conscience professionnelle oblige, vanter les beautés d’un pays méconnu, découvrir une nourriture « survie » et faire acte d’humilité devant les éléments d’une nature grandiose ont pris les devants.
Armée du plus grand des courages je suis donc montée à bord du «
Diamant » l’un des trois bateaux de croisière à taille humaine de la Compagnie du Ponant , compagnie française comme on le sait créée par deux jeunes loups de mer aux ambitions remarquables, devenus premiers armateurs français et surfant sur la mode de la croisière « spécifique ».
L’un des deux, Jean Emmanuel Sauvée, était à bord avec la nostalgie dans les yeux d’un vrai marin qui ne peut plus voguer au gré de ses envies. Pour partager dix jours de ce qui n’était pas tout à fait un voyage, pas du tout du tourisme, mais une véritable expédition polaire à la découverte des plus fascinants paysages qui rappellent ce que fut le naissance du monde.
Émotions assurées, découvertes et prise de conscience d’une nature sauvage qui décide si vous êtes ou non la bienvenue. Là bas, au Groenland, la glace craque, les icebergs bougent, la banquise recule, les glaciers avancent et les animaux vous jaugent. Bienvenue dans la plus exceptionnelle expédition polaire, que l’on puisse imaginer.
Tout en fondant avec le réchauffement, les glaciers du Groenland glissent plus vite vers la mer. Un phénomène sous-estimé d’après certains naturalistes qui tirent la sonnette d’alarme.
L'inlandsis, épaisse calotte glaciaire qui recouvre le Groenland, fond à une vitesse rapide, et est considérée comme un indicateur précurseur des conséquences du réchauffement du climat mondial.
Les politiques s’en mêlent pour nous rappeler à l’ordre, on en croise même certains comme Michel Rocard (paraît-il en vacances, sa prêche, ne sera donc pas explicite ! même après quelques questions)
Mais grâce à un équipage de choc mené de main de maître par un commandant hors pair cette expédition est devenue une parenthèse de bonheur au pays de l’insoupçonnable. Montée à bord avec quelques naturalistes, pointures en la matière on comprend mieux les richesses de ce que l’on ne sait pas regarder. Flore, faune, glaces, mer tout ici est mesuré et ne laisse rien au hasard.
Ici les éléments et l’environnement sont maîtres du monde….on est d’ailleurs sur le chapeau de celui ci, et l’on découvre à qui sait regarder, ses richesses, tout en se trouvant très petit.
J’ai vu des phoques jouer dans le sillon de notre bateau, à 5 heures du matin aux alentours du cercle polaire, Je me suis fait engueuler par des goélands Arctiques que je photographiais sur une berge de l’Evigsfjord, et j’ai croisé un clin d’œil inquiet d’une baleine à bosses dans la baie de Disko. Mais j’ai vu aussi de lourds bœufs musqués se traîner en bord de calotte glaciaire, des oies rieuses crier en colonie, des Mouettes de Sabine courir sur la mer, une harfang des neiges (chouette) me surveiller en se cachant sur un iceberg et me suis fait attaquer par une armée de « simulies » (lire moustiques) en posant le pied sur la terre ferme. J’ai vu aussi des dizaines de fleurs des neiges, pressées d’éclore à la lumière d’un mois d’Août, avant le retour des longs mois nocturnes. Un tapis de saules arctiques, des broussailles de bouleaux nains, des Angéliques, des Épilobes, des Linaigrettes et des baies sucrées se précipiter pour recouvrir une terre si souvent glacée.
Peu d’autochtones en vue, sur cette côte ouest du Groenland, souvent des villages fantômes, la glace est omniprésente et se joue des hommes, ceux qui habitent ici survivent plutôt qu’ils ne vivent, alors respect..... sur ce qu’ils mangent....
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