- Depuis plus de quarante ans, Paul Bocuse est sans conteste l’un des plus grands ambassadeurs de la gastronomie dans le monde.
La Société des Bains de Mer, et son Directeur Général Bernard Lambert ainsi qu’ Alain Ducasse ont décidés de lui rendre un hommage bien mérité à l’occasion de son anniversaire le week-end du 10 au 11 février 2007.
Pas moins de 81 chefs coiffés par 81 étoiles, soufflaient les 81 bougies du maître.
Le Monte Carlo Bay , la salle des étoiles du Sporting Monte Carlo, la salle Empire et le Grill de l’Hôtel de Paris furent le fabuleux cadre à un récital de très haute cuisine, qui, par son originalité et les talents en présence marqueront certainement longtemps les mémoires de ceux qui eurent la chance comme nous d’être présents.
Pour entourer les grandes toques monégasques dont le talentueux Marcel Ravin du Monte Carlo Bay, on apercevait, Anne Sophie Pic, Yannick Alleno, Didier Elena, Marc Haeberlin, Jean-Paul Lacombe ; mais aussi Ferran Adria, Tetsuya Wakuda, Joan Roca, Pierre Wynants, Hiramatsu, Daniel Boulud , Léa Linster Nadia Santini et tous ceux que j’oublie.
De tous les recoins du monde ces toques prestigieuses avaient tenu à rendre hommage à leur maître.
Le programme était chargé d’une intense et savoureuse promenade autour des saveurs du monde.
Après une arrivée de chacun sous le soleil bienveillant de la principauté, les festivités commencèrent par un buffet pantagruélique aux saveurs de tous les continents qui avaient été ordonnancé par Marcel Ravin avec brio.
« Monsieur Paul » se promenait dans les salons et sur la terrasse avec des yeux ébahis comme ceux d’un enfant au petit matin de Noël. C’est à cet instant seulement qu’il découvrait l’ampleur de la surprise et les têtes de tous ceux qui n’avaient pas hésité à venir des quatre coins du monde pour le fêter.
Heureux et ravi il allait de l’un à l’autre, sans cesse et sans laisser paraître une émotion certaine. Se faisait prendre ne photos avec chacun et se laissait étonner par les myriades de saveurs dont les nombreux buffets faisaient étalage.
Le lendemain matin une conférence de presse ou Paul Bocuse était aux côtés d’Alain Ducasse pour répondre aux quelques journalistes présents.
Ces derniers répondirent sans hésitation, mais non sans ravissement aux questions quelles qu’elles soient.
Non ce n’était pas une passation de pouvoirs, non il n’y avait pas de message, tant pis pour les échotiers et les polémiques, ce n’était qu’une simple et franche fête de famille. D’ailleurs il paraît que seuls les amis étaient invités….merci Monsieur Paul de nous compter parmi les vôtres.
Après la conférence de presse, les 81 chefs se retrouvèrent sur les marches du Casino de Monte Carlo pour une photo de « famille » avant d’aller déguster sous les ors du Sporting un repas concoctés par un certain nombre des chefs.
Avec de nombreuses tables ou chacun officiait pour nous proposer des plats spécialités de chacun. En voici quelques exemples :
Yannick Alléno : proposait une fine gelée de bulots aux langues d’oursins.
Raymond Blanc venu d’Oxford cuisinait un médaillon de chevreuil poêlé, sauce chocolat, châtaignes et endives braisées.
Guillaume Brahimi concoctait une somptueuse escalope de loup aux écrevisses et Saint-Jacques, émulsion légère au gingembre.
Hiroyuki Hiramatsu fit un somptueux duo de pigeon et foie gras confiture de pamplemousse et réduction de Porto.
Léa Linster concocta une selle d’agneau magnifique en croûte de pommes de terre.
Ma préférence se porta très certainement vers la crème brûlée au foie gras, espumas de pomme verte, de Anne Sophie Pic.
Ou le suprême de pintade truffée, gâteau de chou vert, de Michel Roth, ou encore le rouget rôti vinaigrette au sarrasin de Tetsuya Wakuda d’Australie. Pour ne nommer qu’eux.
Qui est « Monsieur Paul » ?
En près d’un demi-siècle Paul Bocuse a accumulé bien des honneurs, et porté haut et loin le prestige culinaire français, rendant une identité légitime aux chefs qui sont devenus pour la plupart propriétaires de leurs établissements, créateurs de concepts ou experts en marketing tout comme lui.
Grâce à sa pugnacité, il a donné une nouvelle impulsion au monde de la cuisine en général.
Plus de quarante ans de trois étoiles Michelin couronnent cet infatigable globe-trotter qui parcourt le monde depuis bientôt 60 ans. Grand observateur, il sait s’inspirer ou adapter, sans toutefois copier, les nombreuses découvertes qu’il fait, au cours de ses multiples voyages.
Président des Meilleurs Ouvriers de France et attentif à la jeune génération montante, Paul Bocuse est aussi un séducteur, il ne s’en cache pas d’ailleurs dans son dernier livre « Le feu sacré ». Sous un autre angle côté privé, Paul Bocuse est aussi un homme qui aime la nature, la chasse qu’il pratique et sans s’en cacher.
Lorsqu’il n’est pas en voyage, Bocuse passe sont temps dans son restaurant.
A 81 ans, il est en cuisine et va toujours saluer ses clients, avec un œil qui traîne partout dans la salle.
Son bruit préféré est celui du poulet qui rôti à la broche. Mais il adore aussi le bruit des flammes dans la cheminée.
Côté gourmandise il aime les sardines grillées et les maquereaux au vin blanc. Mais aussi les steaks tartares, les ris de veau ou les encore les abats.
Vous l’aurez compris, Paul Bocuse est un personnage assez déroutant. Ultra médiatique, as du business, il ne se cache pas d’avoir été un élève totalement médiocre et un homme « à femmes » comme il le dit lui même.
Mais pour nous c’est un avant tout un artiste sensible et obsédé par la qualité des produits et par la perfection de sa cuisine. Un vrai créateur qui a compris que la tradition exige d’abord, une certaine forme d’humilité.
Paul Bocuse c’est presque comme un membre de notre famille, en tous cas, ce week-end dernier, çà l’était. Merci Paul pour ce week-end de fête.