Par Fabien Nègre
Un jour au GRAND VEFOUR esquisse un séjour, une joie frémissante, dessine une invite solaire au régal, des éblouissements presque introuvables aujourd’hui à Paris car ils symbolisent les fêtes dignes de ces folies madrées propres au haut goût français. La splendeur des lieux force le respect, encore habitée par le peuple des grands de ce monde, de sel et d’argenterie, habillée par les fresques prérévolutionnaires, le directoire d’un prétoire, un écrin d’agréments devant des musiciens obscurcis, le désir clandestin du secret à la fois tenue et débridée.
Dans ce «
Paris des Passages» presque noués par d’imperceptibles fantômes de souvenance si bien retracé par Walter BENJAMIN, la noblesse du goût ceint les banquettes à l’exquis velours vermillon jadis embrassé par Marcel PROUST, CHATEAUBRIAND, COLETTE, Marcel SCHWOB, Emmanuel BERL, Sacha GUITRY, notre peau chagrinée frissonne à l’idée gustative de tous les joyeux noceurs qui soupèrent au VEFOUR. Un rendez-vous avec le nouveau propriétaire des lieux invente toujours l’avènement d’un évènement, un froissement d’étoffe, l’intrépidité matinale d’une limpide journée savoyarde.
L’architecte, Julie HUYGHUES DESPOINTES, à l’initiative d’Amélie DILLEMANN, a rencontré le diablotin mozartien du piano dans une atmosphère restituée par l’histoire de cette historicité du parangon du restaurant, né aux abords du Palais Royal dans les années 1790. Ce charmant salon en forme de loge balcon lyrique ouvert dans sa transparence de chrysalide révèle un entendement silencieux, un souffle de civilité intime et universelle.
Notre amateur d’estampes et de repentirs façon XVIIIème, dans sa timide pudeur flamboyante d’homme-enfant mince et aiguisée, sensible aux mouvements cachés des formes esthétiques, à la sensation de la trame des élégances, à la filiation de la transmission du faste, aux volumes adéquats de l’accueil, polit le rythme de la «mesure» architecturale parisienne qui roule en tous plis.
Au premier étage du prestigieux restaurant, en aplomb des salles royales, la petite suite autrement dénommée «
Salon des Artistes » n’affiche aucune ostentation lors même qu’elle traduit la fortune historique de la salle, la légitimité des héritages, la juste circonspection de la surface. L’angle optique resserre les forces de l’Esprit « Directoire ». Guy MARTIN goûte les moulures ascétiques, les teintes éteintes, les appliques épurées, il apprécie la grande Histoire. En hommage à Monsieur Raymond OLIVER, en chineur de galeries, il pare ses murs de CHAGALL, BUFFET, COCTEAU, FOUJITA, Jean MARAIS, GRUAU, Sacha GUITRY.
En caressant l’escalier sombre torsadé qui éclaire le «
Salon des Artistes», nous entreverrons l’ombre portée des invités de l’histoire de l’art qui nous convient à un festin privé et discret. Dans cet appartement stylé en guise d’antichambre aux apprêts violine, ardoise et poignées dorées, nous accèderons, devant des cheminées marbrées et de fins miroirs, à la beauté contemporaine de la musicalité de Guy MARTIN.
Le Grand Véfour Guy Martin
17, rue de Beaujolais - 75001 Paris
Tel : 01 42 96 56 27