Par Ludovic Bischoff
O'Breizh la cabane bretonne d'André à Paris.
Imaginez une cabane de pêcheur amarrée à un petit port de Bretagne. Un endroit tout riquiqui où les marins et leurs amis viennent casser une croute après la criée. Vous avez l'image en tête ? Bien.
Alors transposez-là directement dans le Paris chic, à une encablure des Champs-Elysées. Et vous aurez O'Breizh. Peut-être bien un des restaurants bretons les plus atypiques de la capitale. D'abord par sa taille. Resto de poche, pour, à la louche, une trentaine de couverts au maximum. Tout en longueur, tout en étroitesse. On se pousse du coude et on papote forcément avec son voisin, si proche. Mais petite taille veut ici dire respect des produits et des clients.
Car André, le patron et cuisinier, est tout seul derrière les fourneaux. Il ne peut pas se démultiplier. Et c'est tant mieux, car c'est lui l'âme de cette adresse ouverte il y a quelques mois. Oui, oui, c'est bien lui, ce grand gaillard rigolard qui est le breton de service. Et quel breton ! Le garçon peut vous en apprendre bien plus sur son beau pays venteux que n'importe qui. Et aux parisiens pressés qui ne prennent jamais le temps de savoir où ils sont, il expliquera que, s'il a ouvert son échoppe au 27 rue de Penthièvre, c'est qu'il y a vu un signe. Pas un signe des druides de Brocéliande. Plutôt un bon clin d'œil du destin. Car Penthièvre est un pays traditionnel des Côtes d'Armor. « Quand j'ai vu ça, je me suis dit que c'était pour moi ici » en rigole encore André dans sa marinière.
Petite adresse donc. Pour une petite quantité très bien choisie de poissons et crustacés qui viennent directement de la mer. Envoyés en express par les copains pêcheurs du patron. Ce sont eux, un peu, qui décident de la carte du jour. Ils appellent le matin. Ils disent « André, j'ai des ormeaux sauvages et du bar de ligne de l'ile de Groix, à toi de te débrouiller avec demain... » Et voilà comment l'on se met en bouche des produits ultra frais et soigneusement sélectionnés. « Ils font tout le travail, les gars, moi après, j'ai juste à rajouter un peu de fleur de sel sur le filet de poisson et c'est bon... » se la joue, modeste, André.
Au final, la carte assez courte, très changeante, est un petit délice. Les prix sont serrés même si pas donnés non plus. Mais la qualité, ça se paye mes bonnes gens ! Et au moins, ici, votre addition ne sert pas à payer le lustre d'une adresse pailletée. La cabane d'André est modeste. Mais la queue de homard breton (que l'on vous présente vivant) qui est juste grillée, c'est du tout bon (26,50 euros). Les huitres de Jean-Luc Legall en provenance directe de Plougastel, certains leur trouvent le goût des fraises du coin et vous n'en dégusterez dans pas beaucoup d'autres endroits à Paris (11,30 euros les six). Quoi d'autres : de l'anguille fumée, une soupe de poisson de Quiberon, des Saint-Jacques à la crème de beurre d'algues, du thon fumé au bois de hêtre... Et puis, c'est tout.
Pas la peine d'aller chercher le bonheur ailleurs. Bon, pour être honnête, les desserts sont un peu en dessous. Mais que voulez-vous, André, il ne va quand même pas vous faire un cake au thon non plus. Les propositions sucrées ne sont pas iodées. C'est moins son truc. Mais connaissant le bonhomme je suis sur qu'il y réfléchit.
Voilà, O'breizh est pour le moment une adresse confidentielle. Elle pourra jamais accueillir de groupes de japonais en provenance du Mont Saint-Michel. Et c'est tant mieux. Parce que les bons poissons et crustacés des copains d'André, il n'y en aura pas pour tout le monde !
Formule midi à 27 euros (entrée+plat).
Formule soir à 32 euros (entrée+plat+dessert).
O'Breizh fait aussi épicerie et propose des conserves de poisson ou encore la très rare «Huile de homard».
Ouvert du lundi au samedi, midi et soir.
Photos : 1 (Amine Bouziane - BienvenueMag) : La salle du restaurant - 2 : Langoustines fraiches, en toute simplicité - 3 Bar sauvage de l'ile de Groix - 4 : Queue de homard et purée terre mer - 5 Kouign amann et caramel.
O'Breizh
27, rue de Penthièvre - 75008 Paris
Tel : 01 42 56 27 32