Le Japon, sans doute l’un des quelques pays les plus hautement civilisé, profondément raffiné de la planète, ne manque pas de frapper d’emblée le visiteur par son sens extrême de la rigueur, sa vive cohérence logique, son invraisemblable puissance esthétique et organisationnelle dans tous les jeux et les enjeux du quotidien. Nul ne comprendra cette majestueuse civilisation qui pince le cœur du revenant d’une singulière nostalgie, s’il n’effectue l’effort réel de sortie de son propre cadre conceptuel de représentation afin de méditer l’histoire d’un peuple en lutte permanente avec l’espace (83% de forêts intactes occupent le territoire) qui dut rechercher des échappatoires vitales et imaginaires (mangas, jeux vidéo, arts martiaux…) à cette contrainte si pressante.
Mina HAYASHI, victorieuse, en 2010, du titre convoité de « Miss Japan Award », explique que « voyager au Japon, c’est prendre le temps de retourner au dépaysement des racines, dans un pays qui valorise le cœur, où les gens ressentent la chaleur, le génie du comportement humain. L’hospitalité nipponne ouvre un monde de paix, le pays le plus paisible à visiter, un vrai souvenir à conserver dans son âme. » Au premier jour de notre séjour, d’ailleurs, la compagnie des bus KEISEI, d’une sidérante ponctualité quasi helvétique et l’HOTEL NEW OTANI MAKUHARI, à Chiba, brilla par son exceptionnel accueil avec des managers [Tsukasa MIYAUCHI (JTB); Kikuchi KUNIKO (JNTO); Emiko NAKAYAMA (JTB); Ikuko NAKAGAKI (Tour Guide, JTB/GMT); Yoshitaka OHKUMA (JTB Tokyo Metropolitan Corp.)] toujours à l’écoute où gentillesse, amabilité voire affabilité demeuraient de mise à chaque instant. Saluons, in fine, Marian GOLDBERG, sans laquelle rien n’eut été possible.
Première destination touristique au pays du soleil levant, « le paradis au Japon » autrement nommées les « îles enchanteresses » couvre la préfecture d’Okinawa (supervisée par Miyagi TSUYOSHI), moitié sud de l’archipel des îles Ryûkyû entre Kyushu et Taiwan. Elle englobe 160 grandes et petites îles disséminées dans un vaste territoire océanique. Okinawa, seule région nipponne dont le territoire intégral présente un climat subtropical, subit des vents du sud-est en été et des vents du nord-ouest presque en permanence. Le Kuroshio s’origine sur la côte des Philippines, traverse l’archipel vers le Nord, contribue à l’été chaud. La température moyenne annuelle affiche 22,4°C.
Sans neige ni givre, cette destination radieuse, de l’été à l’automne, souffre parfois des cyclones avec des vents et pluies violents. Naha, principale ville de la préfecture d’Okinawa (remercions en l’occurrence Toyama AKANE et Kimura YOKO) dont la population dépasse 300 000 habitants, forme une porte vers le ciel et la mer. Shuri, petit faubourg, autrefois siège du gouvernement royal des îles de Ryûkyû, abrite le château de Shuri, enregistré au patrimoine culturel mondial. Dans la partie sud de l’île, les habitants cultivent aujourd’hui la canne à sucre, là même où eut lieu la fameuse et violente bataille d’Okinawa. Beaucoup de civils perdirent la vie en la désastreuse circonstance.
En leur hommage, le domaine de Mabuni, dans la commune d’Itoman, illustre un parc de guerre. Les visiteurs prient pour la paix dans ce lieu de respect de la mémoire. La région centrale, encore marquée par la présence des bases américaines, parcourue d’enseignes en anglais, montre le « American village », édifié suivant le strict plan de la ville américaine typique, dans l’agglomération de Chatan, attire la foule. Le jardin botanique du sud-est, surtout axé sur les plantes tropicales, brille par sa popularité. Sur le littoral d’Onna, importante région de tourisme aquatique, les hôtels de qualité abondent. Les plages mirifiques permettent toutes les activités marines.
Les fabuleux paysages tissés de falaises et de longues grèves de sable blanc tel Manza-mo, le promontoire de Maeda, paradis des plongeurs, dans le parc national de la Côte Ouest d’Okinawa. Au nord de la ville de Nago, également connue sous le nom de Yanbaru, le littoral s’entoure de montagnes peuplées d’espèces indigènes telles le râle d’eau de Yanbaru ou le pic d’Okinawa qui vivent dans les forêts de feuillus jamais orphelins de leurs propres feuilles. Dans cet habitat précieux, protégé pour toutes les créatures vivantes, sur la péninsule de Motobu, trône l’aquarium de Churaumi, l’un des deux plus importants au monde. Les îles Kerama, à 30 kilomètres de Naha, dévoilent les meilleurs sites de plongée de la planète.
La visibilité de l’eau jointe à la beauté des lieux attirent les plongeurs chevronnés du monde entier. L’île de Kume constituait une zone de passage pour le négoce entre le Royaume de Ryûkyû et la Chine. Sa technique de filage de la soie inventa la soie japonaise. L’île de Miyako, ceinte par des massifs coralliens colorés avec ses magnifiques plages de sable blanc comme neige, accueille des évènements sportifs tels le triathlon japonais. L’archipel de Yaeyama se compose d’îles uniques à l’image de l’île d’Iriomote, peuplée de chats sauvages, l’île de Taketomi avec son village historique, l’île de Yonagaguni, la plus à l’ouest de l’archipel, et enfin, l’île d’Hatteruma, la plus au sud.
Okinawa se singularise par sa culture. Depuis l’ère du Royaume de Ryûkyu, son peuple si attachant, pratique l’art de la céramique, la teinture de textile, le tissage et l’artisanat subtil du verre. Le village du verre coloré de Kyûkyû permet d’observer le processus de fabrication en regardant les habiles souffleurs devant les fours à haute température. A Nago, dans le nord d’Okinawa, dans le « Glass House in Forest », sous la direction du maître-verrier Naoya OSHIRO, multi primé au niveau international et de son manager Maeda TOMOYA, huit souffleurs de verre à la bouche, créent tous les jours, devant des visiteurs captivés, des pièces d’artisanat exceptionnelles.
Sans le « Sanshin », sorte de petite mandoline, la musique d’Okinawa n’existerait pas. Les habitants privilégient la danse, le karaté et le kobudô. La poterie d’Okinawa, qualifiée de « Yachimun », structurée autour de texture simple et de couleurs chaudes, se situe dans deux régions : Tsuboya dans la ville de Naha, et, « Yachimun no Sato » dans le village de Yomitan. La vaisselle délicate se compose d’assiettes, de tasses à café, ainsi que des vases et des petites statues « Shisa » (lion d’Okinawa). Seuls les ateliers de Tsuboya admettent des visiteurs. Le textile teint, tissé d’Okinawa provient de l’ère du Royaume de Ryûkyû, lors du négoce avec la Chine et l’Asie du sud-est.
Le développement de ce textile unique s’explique par le climat chaud et humide de la région. Les toiles teintes varient en fonction des aires géographiques. Quelques noms poétiques d’étoffes : Shuriori, Ryukyu Kasuri, Yomitan Hanaori, Bashofu, Kumejima Tsumugi, Miyako Joofuu, Yaeyama Joofuu, Yaeyama Minsa, Yonagumi Ori, et les teintures fameuses de Bingata. L’artisanat du verre de Ryûkyû commença à l’ère Meiji (1886-1912). Après la guerre, le peuple d’Okinawa recommença à produire du verre issu du recyclage des bouteilles de soda et de bière de l’armée américaine. Lors du processus de fonte, des bulles d’air apparaissent à l’intérieur du verre.
Le talent des artistes verriers réussit à transformer ce matériel recyclable de moindre qualité en objets d’art et de souvenir. Aujourd’hui, les jeunes artisans créent de la verrerie à la main. La danse Ryûkyû-buyô représente la danse traditionnelle d’Okinawa. Afin de divertir les délégués (Sakuhôshi) venus de Chine, le gouvernement du Royaume avait créé un département de danse appelé « Odori Bugyô ». Les danseurs élégants parés de costumes Bingala, riche en chromatisme, charmèrent la vie du château durant l’ère de la dynastie Ryûkyû. Art martial qui se pratique à mains nues, le Karaté, originaire d’Okinawa, fut influencé par la boxe chinoise avant de s’autonomiser.
Le vocable « Karaté » vient du chinois «Tu-ti ». A Okinawa, les arts martiaux qui utilisent les armes (nunchaku, tun-fa, saï) se nomment « Kobudô ». Le sanshin, instrument indispensable de la musique d’Okinawa, résulte de l’amélioration d’un instrument chinois, le Sanxian. La peau du serpent venimeux d’Okinawa couvrait autrefois le corps de l’instrument. Aujourd’hui, le cuir synthétique et le cuir de python importé dominent.