DOMINIQUE LOISEAU HONORÉE PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE. - PAR VÉRONIQUE ANDRÉ

- Tout commence par un carton doré sur tranche, estampillé du sceau de la République, que vous recevez de la Présidence, à votre nom, après que vous ayez répondu au préalable, affirmativement de votre présence. Vous êtes numéroté, et inscrit, vous devrez apporter le carton et prouver de votre identité, le jour dit.

L’heure est précise, mais il est de bon ton d’arriver une bonne demi-heure en avance car vous ne serez pas seul à attendre l’ouverture des grilles du Palais. A l’entrée de la rue, déjà les fourragères à l’épaule s’agitent et ne laissent passer que les personnes montrant le fameux sésame.

Sur le trottoir, aux vues des invités qui attendent, vous devinez quels peuvent être les autres décorés. Ici un groupe de sportifs, là quelques académiciens, écrivains et poètes, plus loin une brochette d’hommes d’affaires de renom, et ici et là des journalistes starisés, enfin quelques chefs très étoilés, c’est là que vous reconnaissez un groupe d’amis, comme vous, honorés de la prestigieuse invitation, à voir le Président de la République remettre des honneurs à Dominique Loiseau pour son mérite.

Après avoir passé plusieurs portiques de sécurité, montrer patte blanche et identité, vous êtes dirigés par un cordon de policiers vers le chemin à suivre pour accèder au grand salon de réception. Pas de traversée de la cour, talons hauts sur le gravier ; devant le perron une voiture officielle attend, et une troupe de la garde Républicaine est au garde à vous sous un soleil caniculaire. Ne rêvez pas tout ces beaux cuivres rutilants ne sont pas pour vous, bien que vous passiez la porte vitrée, celle là même que vous voyez si souvent à la TV lorsque Nicolas Sarkozy reconduit un invité de marque sur ce perron que vous êtes en train de fouler.

Deux huissiers et quelques gardes montent la garde dignement pendant que vous suivez le mouvement qui vous autorise à traverser, une entrée, un petit salon, une galerie pour enfin arriver dans le grand salon croulant de riches tentures sous les lumières de gigantesques et lourds lustres aux pampilles de cristal.

L’épais tapis rouge et or, les soieries épaisses, les fauteuils Louis XVI et les angelots au plafond sont les témoins de salons festifs impressionnants. Une petite foule se presse le long d’un cordon de soie rouge sensé séparer les honorés, de leurs amis.

Au fond là-bas à gauche du salon de nombreux ministres sortent de l’ombre, une légère effervescence se fait sentir et Nicolas Sarkozy entre d’un pas rapide pour se poster derrière un pupitre et s’adresser à nous avec un large sourire.

« Aujourd’hui, c’est jour de fête à l’Elysée ! » lançait Nicolas Sarkozy aux vues de la brochette de ministres venus assistés les 11 récipiendaires décorés par le chef de l’état, pour cette dernière cérémonie de la saison. On reconnaissait Jean Louis Borloo, Roselyne Bachelot, Simone Veil, Brice Hortefeux, Xavier Bertrand, Jack Lang et les autres…..

Chacun des « onze », émus et honorés écoutèrent l’un après l’autre, les éloges d’un Président de la République, tantôt grave, tantôt enjoué et parfois même drôle. Quand le tour de Dominique Loiseau arriva ce fut un grand sentiment d’émotion qui envahit le salon car les mots se faisaient admiratifs et sincèrement élogieux pour se poser sur les épaules d’une femme frêle mais forte, qui avaient le cœur qui battait la chamade, et dont les yeux cherchaient sans cesse les regards de ses trois enfants fiers de leur Maman.

ALLOCUTION DU PRESIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
« Madame, je suis particulièrement heureux de vous remettre ce soir les insignes de Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur parce que vous êtes une femme courageuse.
Confrontée au décès de votre époux Bernard Loiseau, un chef au talent exceptionnel, vous avez su faire perdurer ce qu’il avait construit à force de travail et, peut être même, si vous me le permettez, magnifier et sublimer son entreprise.
Vous êtes une battante madame, et vous me permettrez d’associer vos 3 enfants et votre chef aussi, Patrick Bertron, qui avait été le second de votre époux pendant plus de 20 ans, et qui a mis sa pugnacité, ses qualités, à votre service.
Ce résultat Madame, vous le devez à votre travail. Vous êtes devenue une des femmes d’affaires les plus brillantes, vous avez une vision bien précise du fonctionnement de votre entreprise et des femmes et des hommes qui la composent. Vous avez accompagné vos différents établissements vers le futur, là où le drame de votre famille aurait pu vous conduire à vous effondrer, vous avez relevé la tête, vous vous êtes battue, vous avez dit : je ne resterai pas comme cela, je vais faire quelque chose de cette épreuve.
Vous auriez pu vous contenter du Relais et Châteaux de Saulieu et de ses 3 étoiles au Michelin, des restaurants Tante Louise et Tante Marguerite à Paris, et bien non, vous avez voulu aller plus loin et innover. C’est ainsi qu’est né « Loiseau des Vignes », un restaurant offrant un concept unique en Europe : 70 vins rares proposés au verre.
Et puis, il y a votre action au sein de la chaîne « Relais et Châteaux » dont vous êtes devenue la Vice-présidente, ce qui est une première pour une femme.
Voilà Madame, vous incarnez la volonté, la dignité et le courage. Je suis bien heureux de vous en féliciter et de vous en remercier. Et je vais vous dire une chose, je ne sais pas si beaucoup d’entre nous, confrontés à la même douleur, au même chagrin, auraient réagi avec autant de force d’âme. C’est bien pour moi de vous le dire comme ça, cela ne nécessite aucune réponse, mais sachez que c’est bien sincère. »


Après ces instants intenses pour chacun des 11 personnalités, les appareils crépitèrent de toutes parts pour figer ces mémorables instants. Le Président de la République s’effaça discrètement et chacun se vit féliciter de toutes parts.

Un petit tour dans les cuisines accompagnés par le chef du Palais et le premier intendant du Président de la République, un honneur à savourer goulûment. En discutant avec les deux chefs, trinquant avec le premier intendant, un coup d’œil sur les casseroles cabossées mais rutilantes , un sourire aux vues d’une collection de moules Alsaciens, une vérification sur la machine à faire les pâtes.

Moi qui passe ma vie dans les cuisines des chefs les plus étoilés de la planète en général en effervescence, je suis là à commenter, certains grands restaurants et bistrots authentiques avec le premier intendant du Président de la République dans une cuisine du Palais de l’Elysée.

Les pianos étaient nickels, les ustensiles propres mais sans âge, les fours non ostentatoires mais de belle facture. Soudain je vis passer sur une assiette un grenadin de veau aux haricots verts et quelques chips de pommes de terre faites maison, Il y avait sûrement quelqu’un là haut qui était de permanence……….

Notre groupe quitta les cuisines et l’Elysée pour finir la soirée chez Tante Marguerite, une des belles adresses du groupe de Dominique Loiseau.

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