Par Ludovic Bischoff
Voilà une table que l'on ne s'attend pas à trouver dans le quartier des Halles. Perdue dans une petite rue peu passagère, entourée de voisins qui proposent plutôt des cuisines exotiques et des cartes de brasserie sans chichi, elle dénote avec ses plats léchés et pointus. Mais c'est sans doute annonciateur du renouveau du quartier.
Mumi est coincé entre la Samaritaine qui s’appète à renaitre en hôtel de luxe XXL sous la houlette de LVMH et la Bourse du commerce qui s'annonce comme un écrin très chic pour la collection Pinault. Il est déjà loin le temps où les loulous et autres lascars se donnaient rendez-vous aux Halles. Le quartier va bientôt être fréquenté par une population cherchant avant tout une table gastronomique. Et c'est tant mieux pour le restaurant de
Thibault Passinge, le patron de cette adresse qu'il a ouvert en 2017, qui s'affiche dans le ton du renouveau du quartier en proposant une cuisine gastronomique.
Disons le tout net, dans n'importe quelle ville de province, Mumi s'afficherait comme « la » table gastronomique de référence. Mais nous sommes à Paris. La concurrence est féroce. Et Mumi doit donc se battre pour faire rayonner sa cuisine. Il semble pourtant que le restaurant compte déjà une clientèle fidèle. Des habitués qui savent qu'ils vont y trouver des plats bien troussés et même parfois sacrément difficiles à dégoter ailleurs. Comme ce lièvre à la royal proposé au menu le soir de mon passage. Un plat de roi, iconique, rare. Que je ne peux malheureusement pas juger car il était déjà « sold out » ce soir là. Les clients, visiblement bien renseignés, ayant déjà épuisé ce filon pourtant bien appétissant... Mais le reste de la courte carte était, elle, au rendez-vous...
En entrée, un tartare de chevreuil, radis bleu et figue de barbarie annonce la couleur de la cuisine du nouveau chef de Mumi, un breton tout juste débarqué qui aime la cuisine « voyageuse et ludique ». Une viande de saison, donc, du gibier, préparée de manière inattendue, en tartare. Surprise ! Mais une belle surprise : texture agréable, viande peu forte comme on pourrait le redouter mais gouteuse, bel assemblage avec les condiments. Rien à dire. La truite, accompagnée de boudin basque et de cardon, qui suit, est elle aussi une belle surprise, surtout pour ceux qui aiment les saveurs contrastées, l'aigre et le sucré. Le veau du pays basque (Axuria) accompagné de ses champignons et de cacao, pas vraiment notable, lui, termine le repas. Une viande parfaitement cuite. Un plat bien fait, rien à dire. Point. Bon, ok, il faut dire qu'on lorgnait quand même pas mal sur le fameux lièvre à la royal des tables d'à côté, dont on ne peut rien vous dire, si ce n'est que les assiettes des clients, visiblement ravis, sont reparties bien vides...
En dessert, peut-être la touche d'originalité de trop, avec une goyave préparée avec avocat et coriandre. Ok, c'est surprenante et orignal. Mais attention à ne pas trop vouloir en faire pour épater la galerie. D'autant que la cuisine du
chef Romain Le Cordroch, associée aux talents de sommelier du patron, qui a pas mal bourlingué dans de belles tables, suffisent à faire sortir des cuisines des assiettes très bien sous toutes les coutures. Pas la peine d'en rajouter dans l’excentricité...
Au final, une petite adresse confidentielle pour amoureux de bonne chère recherchée et attentive. Une adresse pour connaisseurs. On attend le déjeuner en tête à tête des deux nouveaux cadors du quartier. Quant Bernard Arnault et François Pinault s'y attableront, Mumi saura qu'elle n'a plus rien à prouver à personne !
Ouvert du mardi au samedi.
Au déjeuner : menu 2 plats à 29 euros, 3 plats à 35 euros, 4 plats à 45 euros.
Au diner : menu 4 plats à 54 euros, 6 plats à 72 euros.
Photos : 1 : Le chef Romain Le Cordroch et le directeur de Mumi, Thibault Passinge - 2 : Tartare de chevreuil, radis bleu et figue de barbarie - 3 : Truite, boudin basque et cardon - 4 : Veau, lactaire sanguin, cacao - 5 : Goyave, coriandre et avocat
Mumi
14, rue Sauval - 75001 Paris