Par Philippe Toinard
Quoi, tu n’as jamais mangé chez Chartier ? Mon interlocuteur n’en revenait pas.
J’en avais rêvé mais l’occasion ne s’était jamais présentée. Quelques minutes plus tard, j’étais dans la file d’attente de ce bouillon de 1896.
Devant moi, une dizaine d’allemands et derrière une poignée de japonais.
Dix minutes suffisent pour pousser la porte à tambour et se faire accueillir comme un chien dans un jeu de quilles.
Certes l’endroit est époustouflant avec ces banquettes, ces miroirs et cette marée humaine qui se régale de crevettes roses au beurre, de saucisson sec ou de choucroute. Mais le spectacle est vite gâché par une armée de serveurs qui semblent fatigués, abattus comme si on leur avait annoncé la fermeture de l’établissement le matin même. Aimable, vous souriez, vous leur servez des " monsieur, s’il vous plaît ". Peine perdue, ils passent devant vous sans vous écouter et quand ils daignent prendre votre commande, ils ne prononcent pas un mot, se contentent de prendre note. Vous n’êtes pas un être humain, vous êtes un numéro de table. Dans ce contexte, vous n’osez pas leur demander de changer vos couverts sales.
Côté assiette, pas grand-chose à critiquer, surtout pas les prix. 1,70 € l’œuf dur mayonnaise, 2 € le jambon cornichon, 8,70 € l’aile de raie, 0,90 € le yaourt…et c’est bon.
Morale de ce déjeuner : mon rêve s’est exaucé mais s’est transformé en cauchemar. Que doivent penser les touristes en partant ? Les Français ne sont pas aimables, on les avait prévenus, ils en ont la preuve en moins d’une heure.
Car chez Chartier , on ne s’éternise pas, on vous fait vite comprendre qu’il faut libérer la table pour accueillir de nouveaux pigeons.
Chartier
7, rue du Faubourg Montmartre - 75009 Paris.
Tél : 01 47 70 86 29.
Carte : entre 13 et 29 €, imbattable.
Ouvert tous les jours de 11h30 à 15h00 et de 18h00 à 22h00.