ENVIES DE BONBONS

Bonbons et confiseries :
une culture secrète du partage
Le point de vue sociologique sur la place des bonbons et confiseries dans notre quotidien

Le point de vue de Jean-Baptiste Loubeyre,
pédopsychiatre et ethnologue.

A la simple évocation du mot « bonbon », les papilles s’emballent. Les bonbons font saliver toutes les générations et génèrent des souvenirs communs : on recherche des bonbons disparus, des noms, des goûts, des moments et des lieux…
Les valeurs traditionnelles du bonbon :
Bonbon « réconfort », bonbon « don », bonbon « récompense »… le bonbon est précieux, il humanise les relations des individus…
Des valeurs partagées par l’ensemble de notre culture, même si les bonbons et confiseries sont parfois attaqués pour d’autres raisons.

Le bonbon vu par l’enfant :
Pour l’enfant, le bonbon est avant tout une sensation.
Une sensation de goût tout d’abord, mais aussi une sensation de force. En mangeant certains bonbons (particulièrement les piquants), les enfants se sentent plus forts.

Les bonbons et les confiseries sont aussi partage, transgression, secret, liberté, pouvoir, consolation…

Partage : Le bonbon solitaire est triste. Le bonbon est synonyme de convivialité. Il se partage et est unificateur.
Transgression : Pour les parents, les bonbons et les confiseries sont de l’ordre de l’exception (leur consommation est liée à des occasions particulières), alors que pour les enfants, ils habitent le quotidien.
Secret : Les bonbons et les confiseries sont secrets quand ils constituent un jeu inter génération entre grands-parents et petits-enfants.
Liberté : Acheter des bonbons est l’une des premières choses que l’on peut faire seul. C’est un acte fort d’autonomie.
Pouvoir : Avoir des bonbons et des confiseries peut permettre de s’imposer ou de gagner des amitiés.
Consolation : La consommation de bonbons et confiseries apaise, tranquillise, réconforte et rassure comme le suçotement du pouce.

Le bonbon vu par l’adulte :
Chez l’adulte, les bonbons et confiseries sont synonymes de régression et d’expériences gustatives. D’ailleurs les moins de 30 ans se définissent volontiers comme la « génération bonbons ».
Régression : la simple odeur des bonbons et des confiseries replonge les adultes au cœur de leur enfance. En effet, les bonbons et confiseries représentent le lien toujours vivant avec l’enfance. On peut ainsi les qualifier comme « une nostalgie qui n’est jamais triste ».
Expériences gustatives : les bonbons et confiseries sont considérés comme un nouveau champ d’expériences gustatives. Le goût des bonbons et confiseries se répand dans les consommations d’adultes. Il émerge notamment de plus en plus dans la cuisine et la pâtisserie.

Conclusion :
Le paquet de bonbons incite au partage.
Lorsque les bonbons sont tous identiques (une même variété), on partage la même chose, les mêmes sensations : on mange le plaisir d’être en groupe.
Quand les bonbons sont différents, on mange le plaisir de manifester un peu sa différence.
Les bonbons et les confiseries sont partage de la pensée, vecteurs d’échange et conduisent à la construction des classes d’âges.
Intemporels et intergénérationnels, les bonbons et confiseries font partie intégrante de notre culture, de notre patrimoine et nous accompagne à chaque étape de notre vie.

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