Trublion iconoclaste, ludion hilarant, Eric GAUDET, inventeur pédagogue de l’unique manifestation amoureuse des spiritueux, « SPIRIT » et des chaleureuses soirées « Cœur de Chauffe », étend sa passion raffinée au cercle du monde. Epris d’apprendre la merveilleuse diversité des terroirs, en lutte contre la rationalisation de nos manières de boire, cet incorrigible marcheur exalte notre reine subjectivation dans la concavité radieuse de la jubilation.
Par coquetterie, courtoisie dilettante, le maître du moult obérera sa nativité. Ce quinqua, parigot de banlieue, timide alfortvillais toujours un mot pour rire en bouche et un autre pour les sèves enchantées, évoque ses gourmands aïeuls : « On mangeait bien à la maison avec ma mère fine cuisinière. Je suis né dedans, sans me poser de questions ». Les grands-mères jalonnent les repas de famille jusqu’au lycée dans le 5ème. Une brillante scolarité l’emporte vers un baccalauréat scientifique puis l’Ecole des Mines. Etudiant, notre gourmet multiplie les cours particuliers pour financer de formidables agapes macaronées « avec mon armée de copains ». Au sortir du fameux établissement jouxtant le jardin du Luxembourg, à 23 ans, les voyages et repas d’affaires poussent dans le dos, en balai endiablé. Les années 80 décoiffent. « J’aimais manger dans mon parcours industriel ». Un anglais parfait en gibecière, notre apôtre de la Chartreuse pratique l’art de la table.
Chemin faisant, des magazines américains lui offrent des chroniques gastronomiques. « Ils cherchaient un correspondant à Paris ». Liqueurs, fines, embrassent l’univers des plaisirs de table. « En solo, la gastronomie n’a aucun intérêt mais je peux boire un grand cognac en lisant un bouquin ». Notre amateur du jus de la treille estime que les élixirs se partagent. Notre journaliste expert « mange, boit, prend l’apéro » sans pour autant se spécialiser. Ses articles sur le tourisme le conduisent à ne pas opérer de distinction entre les vins et les digestifs, tous deux parties prenantes du « plaisir de l’art de vivre ». En instruite latitude, le fondateur de SPIRIT inaugure des voies gustatives, des harmonies inédites. En 1998, ses rencontres, ses conversations avec des producteurs l’éclairent sur l’idée de créer un salon spécifique. Dans les années 90, la filière frise le précipice. « Je voulais montrer que les beaux produits existaient encore en France hors des saucissons et des pâtés ».
En 2001, la première réunion se tiendra à l’Hôtel « Prince de Galles » 75008. Le millésime de départ : « entre nous, une stricte opération BtoB ». Eric GAUDET, plus tard, racontera au grand public, ses fabuleuses histoires dans le cadre de la « SEMAINE SPIRIT » qui prolonge ce salon si attachant et singulier, intime et élargi. Outre les professionnels avisés, des clients avertis, des amateurs fervents, des membres de clubs cigares se mélangent, échangent, discutent des points de vue, des pointes de vie, des perspectives de vérité subjective. Ils communient dans l’acte d’aimer l’esprit des esprits. Au fil du temps, de contes de bouche en dégustations festives, ce « festival » s’impose comme le premier et unique rendez-vous mondial du domaine. Notre hédoniste primesautier parvient à convier 150 producteurs qui incarnent la richesse de leur environnement. Autour des animations et des stands se pressent des découvreurs de talents, des maîtres de l’eau de vie : « boire, parler, choisir, se refaire la papille avec du jambon de chez Pierre OTEIZA et du pain de Jean-Luc POUJAURAN, voilà du bonheur ».
Les objectifs de cette journée très spéciale et originale tiennent également dans la nécessité de fabriquer de nouveaux outils d’aide à la vente dans la joie et la passion en direction de dégustateurs souvent égarés voire perdus. Cette amicale fête promeut intelligemment l’art de vivre en spiritualité mais fournit des leviers efficaces pour atteindre les prescripteurs, les distributeurs, les diffuseurs. Les ateliers, le dîner de presse où les accords mets/spiritueux continuent le feu de la science ou la délicatesse des sensations. Les décalages de perception impliquent l’humilité des situations, « un dialogue commun pour penser les écarts-types ». L’imagination fervente des problèmes posés par les clients dans un contexte de valorisation des produits apporte des solutions novatrices. Entre structure de la personnalité et nature des imprévus, le regard gourmand gouailleur des convives se passe de mots : « Dès qu’on touche à l’humain, on est dans la beauté de la complexité ».
Foin de nectar-roi mais des « moments » sublunaires ou extra-terrestres, l’exercice d’une méditation. Survolté, le fondateur enfourche son vélo favori : « Je les aime tous, comme les enfants des autres, je parviens facilement à les adopter ». Le directeur de SPIRIT accomplit, depuis longtemps, une œuvre pédagogique remarquable au travers du séminaire « COEUR DE CHAUFFE » (10 fois dans l’année en compagnie de l’immense Martine NOUET) : le flux des rencontres heureuses. En l’occurrence, un groupe de fiévreux chevronnés, de grands professionnels approfondissent des découvertes ou des thématiques : rhums, marcs d’Alsace, liqueurs helvètes de Noël, calvados, eaux de vie corses, pommeaux. Aux côtés de l’humanité d’ Eric GAUDET, notre chemin lumineux évince les obstacles car la fréquentation quotidienne des nobles eaux de vie délimite une « esthétique de l’existence » dans la lueur d’un espoir inassouvi.
Les complications s’évanouissent, les cœurs se réchauffent sans psychologie d’autrui, dans une qualité de vie enfin reconquise au sortir de fades logiques binaires contemporaines. « Les gens se font leurs palais, découvrent leurs propres sensations, s’exercent ». Des rencontres vibrantes de « ces hommes et ses femmes qui font les choses », sans cours magistraux, nait le puissant désir de « donner quelques clefs, quelques arômes, des histoires d’associations, des madeleines de Proust, des plaisirs de bouche dans une infinie diversité ». Ces vécus de valeurs personnelles luttent contre un marché de l’uniformisation gustative qui abolit toute complexité de la réalité. « Pour mes lecteurs américains, j’explique les vins de cépages et les vins d’assemblage. Dans les eaux-de-vie, une tendance à l’homogénéité persiste. Des grandes maisons produisent des choses superbes, nous souhaitions montrer la voie, l’esprit, la typicité, « l’âme », un style de maison. L’ennui surgit toujours des pre mix, du goût uniforme ».
L’ingénieur humaniste scientifique s’attriste de « la défonce des jeunes avec des produits dangereux ». Le combat pour la subtilité perdure. Notre amoureux du liquoreux ne renoncera jamais : « Jadis, les baptêmes, les communions permettaient une éducation, un art de goûter, de ne pas s’enivrer sans culture, un savoir boire loin des produits violents ». Ce long apprentissage du liquide, cette maîtrise du corps, expirent : « Une piste noire ou une formule 1 ne sont pas accessibles à tout le monde, elles forment un cheminement ». Les vénérables alcools exacerbent nos perceptions, cultivent nos saveurs, exhaussent nos arômes. En aventure du goût, de la quintessence de la concentration émane une plénitude. A l’image d’un pur malt, elle appelle la sérénité. « Les personnes qui boivent des digestifs régulièrement tombent moins malades que les autres car leurs modes de vie différent. Une niche dans la niche ».
Dans la libéralité raffinée de la distraction, dans la liberté avouée des libations, Eric GAUDET élabore des festivités inoubliables avec des productions choisies, des alcools émergents aux crus traditionnels, de la chartreuse des moines isérois au Grand-Marnier yvelinois réhabilité en passant par la nouvelle fabrication de l’Absinthe. De nous susurrer, in fine, à voix haute : « Les enfants doivent aussi boire de belles choses ».