Par Alain Fusion
- Redouté des restaurateurs et envié par les lecteurs, le critique gastronomique fait partie du paysage français et de notre culture gourmande. Le métier de journaliste gastronomique fait couler beaucoup d’encre, puisque les restaurants se reposent sur les médias.
Pour un restaurant, la présence dans les guides est espérée, les articles dans la Presse sont souhaités et recherchés. Faire parler de soi est d’une importance capitale : obtenir un bon article dans une bonne publication se traduit immédiatement en chiffre d’affaires, en afflux de clientèle et en notoriété. Les titres s’affichent en devanture pour attirer le client. Le " bouche-à-oreille " viendra ensuite, après l’amorçage de la communication grâce à la Presse.
Les missionnaires de la gastronomie sont devenus des pionniers, explorant pour nous des terres inconnues de restaurants incertains aux Cuisines improbables, pour en extraire les pépites aux plaisirs exquis et délicats.
C'est une femme de tête aux goûts culinaires affirmés, dont la voix de star apporte un souffle de fraîcheur et un son neuf dans le petit monde de la chronique gastronomique où les hommes tiennent souvent le haut du pavé.
Caroline Mignot revient de ses sorties gourmandes avec des lots d'anecdotes, de parfums, de saveurs, d'images et de sons qu'elle assemble telle un artisan d'art.
Les questions à Caroline Mignot
Où peut on lire vos articles ?
Elle, Femme Actuelle, Prima, L’Express, m’entendre sur www.radioposcast.fr et très bientôt, sur mon guide et des sites Web gourmands.
Quel est votre principal trait de caractère ?
La détermination.
Quel est votre parcours personnel ?
Après des études d’histoire de l’art, je n’avais qu’une envie : rejoindre un guide gastronomique. Je suis entrée au guide GaultMillau et par la suite, j’ai intégré la presse.
Comment souhaitez vous être considérée ? Journaliste, critique, … ?
Tout dépend du support pour lequel j’écris. La critique est nette et précise pour les guides. Parfois il s’agit de chroniquer (plus sous la forme d’un récit), mais quel que soit le restaurant que je visite, j’utilise toujours le même procédé : les sens en éveil, je passe tout au crible !
Pouvez-vous définir et présenter votre métier ?
Une vie dans les restaurants, les commerces de bouche et tout ce qui donne envie de se mettre à table (livres, blogs, cuisines), beaucoup de concentration et d’attention sur ce qui se passe, du plaisir, du plaisir et encore du plaisir.
Comment préparez-vous vos visites de restaurants ?
Je réserve dans la plupart des cas (quand on s’est cassé le nez 2 ou 3 fois, je peux vous dire que le coup de téléphone devient une étape incontournable), la curiosité et l’appétit prennent le relais.
Quelles sont les règles d’Or du critique gastronomique ?
Se fier à son instinct et son palais, ne pas avoir d’a priori, ne pas transiger avec la qualité. Avoir l’esprit ouvert, respecter les gens qui vous reçoivent et ceux qui vous entourent.
Quelle est votre opinion sur l’anonymat du critique, sur le paiement des additions, sur les invitations, sur le rôle des attachées de Presse ?
L’anonymat et le règlement des additions font partie intégrante du métier. J’ai la chance de travailler pour des supports qui y consacrent des budgets. Quant aux attachées de presse, je garde leurs communiqués et me rends dans les restaurants qu’elle m’indique de façon anonyme.
Comment désirez-vous être perçue (comprise) par les lecteurs de vos articles ? Et par les restaurateurs ?
Une professionnelle curieuse, exigeante et gourmande.
Pour qui écrivez-vous ; qui sont vos lecteurs ?
Entre les guides de restaurants, les magazines féminins, le blog et les sites Internet, il n’y a pas de genre particulier, juste des gens gourmands.
Quels sont vos critères fondamentaux pour écrire - ou ne pas écrire - sur un restaurant ?
Une cohérence entre la cuisine et le plaisir de recevoir, c’est la clé pour se sentir bien dans un lieu et pouvoir écrire dessus. Ceux qui ne m’ont aucun effet (comme ce midi par exemple, j’étais dans un joli bistro, mais la maîtresse de maison ne décrochait pas un sourire et la cuisine voulant faire des effets de manche, tombait sans arrêt à côté), je n’en parle pas.
Est-il souhaitable de tout écrire ?
Oui, le lecteur est en droit de tout savoir. Parfois, j’assiste à des accidents ou des erreurs très humaines, tant que cela n’entrave pas l’ambiance ou la qualité des plats, je les garde pour moi.
Vos articles suscitent des réactions ; quels sont vos meilleurs et vos moins bons souvenirs ?
Lorsque les gens me racontent ce qu’ils ont goûté, ce qu’ils ont vu et qu’ils ont aimé, cela me fait très plaisir. Et lorsqu’ils n’ont pas aimé, j’essaie de comprendre, je comprends surtout que c’est aussi une question de moment et que nous n’avons pas tous les mêmes goûts.
Qu’aimez vous trouver dans un restaurant ?
De l’humanité, des sourires et du plaisir.
Quelles doivent être les qualités d’un Chef Cuisinier ?
Aimer son métier, avoir envie de faire plaisir, enfin, moi je n’ai rien à lui apprendre, je me contente d’observer, de goûter et d’apprécier ou non.
Vos coups de cœur ?
L’Ami Jean, dans le 7e, Bizan dans le 2e, L’Avant-Goût dans le 13e, Le Troquet dans le 15e, Sa.Qua.Na à Honfleur, La Mare aux Oiseaux sur l’Ile de Fédrun en Brière.
Quels sont les défauts impardonnables dans un restaurant ?
Mettez des serveurs et un patron qui font tous la gueule, la saveur du plat sera comme estropiée.
Comment devrait être votre restaurant idéal ?
Celui dans lequel je me sens bien, parfois c’est presque impalpable (allez comprendre).
Dans vos articles, quelle est la proportion entre les nouveautés (créations, reprises, nouveau Chef) et les autres ?
Il faut de tout. J’aime courir les nouveautés, les cuisines asiatiques qui commencent à fleurir (Corée, Thaïlande, le Japon autre que sushi), comme j’aime redécouvrir les bistros du coin et les salles d’apparat.
Comment percevez vous la gastronomie parisienne et française en 2007.
Elle s’ouvre de plus en plus. On connaît les Français, ils ont besoin de temps, à nous de leur donner envie.
Vivons nous une période d’évolutions ?
Le monde n’est-il pas en permanente évolution ?
À votre avis, quelle est la place de la gastronomie française dans le Monde ?
Elle a un joli rôle à tenir, quelque chose de précieux, de fragile, des produits fabuleux, il faut en prendre soin, comme il faut s’ouvrir l’esprit.
Comment voudriez-vous voir évoluer votre métier ?
Ce sont plutôt les journalistes qui évoluent, à chacun d’évoluer comme il veut.
Quels sont vos plats favoris ?
La poitrine de cochon, confite et caramélisée sur les bords, elle me rend folle, les joues de bœuf et de cochon c’est pas tellement mieux, les légumes bien apprêtés (c’est-à-dire quasiment nus), artichauts, asperges, fèves, navets (les petits nouveaux), le risotto aux cèpes, les pâtes fraîches à l’encre de seiche, les desserts au caramel.
Quelle est votre boisson préférée ?
Le vin, le champagne et le thé vert japonais.
Etes-vous plutôt " déjeuner " ou " dîner " ? Seule ou en compagnie ?
Lorsque je travaille, c’est surtout en solitaire, j’aime tout regarder, tout écouter pendant un déjeuner. Je réserve la compagnie pour les moments de pur plaisir (quoique je ne peux m’empêcher de prendre des photos et de tout observer, l’engueulade d’à côté, le couple qui ne se parle pas, celui qui a pris rendez-vous clandestinement).
Avec qui aimeriez-vous travailler ?
J’aime travailler seule.
Avez-vous des projets ?
Un guide de restaurants qui en est presque à sa dernière page et moi, à mon dernier souffle.
Si vous deviez en changer, quel autre métier auriez-vous choisi ?
Photographe, écrivain… quel que soit le mode, toujours besoin de raconter.
Qu’évoque pour vous l’expression " Mener la Belle Vie " ?
Celle que je mène.
Où aimez-vous passer des vacances ?
Là où le vent me porte.
Quel est votre rêve d’enfant qui n’a pas encore été réalisé ?
Je voulais être « nez », je suis palais, c’est pas si loin.